La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Layla est une créature mi-femme, mi-serpent aussi somptueuse que dangereuse. Grenoye est un jeune homme vivant dans une capitale endormie, dans une maison  délabrée avec une mère alcoolique. Son seul but : retrouver la magnifique Layla. Syrenia Falx est une jeune princesse ambitieuse. C’est alors que les trahisons, les guerres et autres destructions vont se multiplier. Combien d'épreuves seront alors nécessaires pour que soit dévoilé le mystère de Layla ?
Pour ces débuts comme scénariste, Jeremy réalise un récit haletant à l’univers extraordinaire;  mis en image avec brio par Mika
 
Pour se procurer de quoi faire un savoureux repas, le jeune Grenoye, surnommé la grenouille, brave les interdits et s'approche dangereusement des marais. C'est lors d’une chute qu'il fait une mauvaise rencontre en la personne de Layla, somptueuse et dangereuse créature mi-femme, mi-reptile. Contre toute attente, elle laisse le jeune homme en vie. Il est désormais comme hanté par l'image et le souvenir de la jeune femme et de son médaillon couleur de sang. Heureusement, il trouve grâce et repos dans les bras d'Édith, la fille de l'épicier et finit par oublier son obsession.
Jusqu'à cette nuit où le roi offre une réception en l’honneur de sa fille. En conflit quant à la gestion du royaume, la fille quitte la salle laissant son père à son spectacle. C’est alors qu’entre en scène une certaine Layla. Décidée à se venger des exactions d’habitants, elle tue le roi et s'échappe. C’est alors que Grenoye va commettre l'irréparable…

On savait Jérémy doué de ses crayons. Celui-ci un qui fut le coloriste de feu Philippe Delaby a non seulement bien grandit mais il n'a plus grand-chose à prouver grâce à ses séries Barracuda et Les  chevaliers d'Héliopolis. Peut-être est-ce une volonté lointaine, peut-être est-ce le fait de travailler avec des scénaristes aussi talentueux que Jean Dufaux ou Jodorowsky, toujours est-il qu'il troque ses dessins pour le scénario; et très sincèrement, on ne perd pas au change. Layla est un récit épique où le jeune Grenoye cherche le salut de son âme. Une sorte de Seigneur des Anneaux auquel on aurait greffé une atmosphère mélange d'Harry Potter et de Lanfeust de Troy. On y apercevrait presque la Reine des Neiges ! Sous certains aspects, la ville de Nosgrey aurait même un petit quelque chose du Londres de Peter Pan de Régis Loisel. Comme lien de parenté, excusez du peu !! Mais revenons à Jérémy ; pour son premier scénario, le dessinateur belge livre un récit dense où chaque rebondissement semble être calculé au millimètre afin de faire avancer l'intrigue juste ce qu'il faut. À travers ce conte des marais, il n'hésite pas à faire passer différents messages. Message écologiste d'une part avec la protection de la nature sous toutes ses formes mais aussi des messages sur la crainte de la mort, sur le bon gouvernement... Cela est cependant fait ça avec beaucoup de subtilité pour que le lecteur ne se sente pas agressé. D'autant que ce dernier est comme envoûté par le dessin de Mika. Au premier regard, on semble bien loin des débuts japonisants du dessinateur. Néanmoins, par petites touches, il insuffle un peu de son âme. Ne nous trompons pas, c'est bien un style très franco-belge avec sa douche de nervosité, de réalisme et de vivacité. C'est ainsi que chaque personnage semble prendre vie sous les crayons dans des décors mêlant Moyen-âge et bas fonds à la Dickens. En un mot comme en cent, c’est absolument magique et magnifique !
C'est donc un superbe album que proposent les éditions Dargaud, fruit du travail de deux des plus prometteurs artistes de leur génération. Que dis-je deux des plus talentueux. A lire donc de toute urgence !!

x J'aime