La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Fort de ses promesses, le président Silvio a pris le pouvoir et impose sa dictature. Le peuple cherche une solution non violente pour renverser le régime. Ce petit monde animalier ressemble tristement au notre avec une réalité déconcertante. Xavier Dorison et Félix Delep signent sûrement l’un des albums de l’année où le récit et le dessin sont sur le même pied d’égalité. Un gros coup de cœur, un album que nous vous conseillons vivement
 
 
Il y a bien longtemps que les hommes ont abandonné ce château pour partir vers d’autres conquêtes, laissant derrière eux, pierre, charrue et animaux. Personne ne sait pourquoi. Les bêtes restées alors seules pensent avoir obtenu la liberté. Le château est alors transformé en ferme. Mais au lieu de cela, c’est un autre régime qui va s’imposer.
 

Le coq donne les directives et les chiens aux dents acérées font régner l’ordre, pour le compte du président Silvio, un énorme taureau qu’il vaut mieux éviter de contredire. Silvio a réussi à imposer ses idées et sa petite dictature où chèvres, lapins et autres poules doivent travailler sans relâche pour donner les fruits de leur labeur à la collectivité où Silvio va se servir et se gaver allégrement. Personne n’ose se révolter par peur de représailles à l’image de la poule Adélaïde qui sera massacrée sur la place publique pour avoir caché un œuf.
La situation ne peut pas perdurer ainsi mais personne n’a le courage de s’y opposer. Cependant les idées de révolte commencent à mûrir. Il manque peu de chose pour déclencher un soulèvement et peut-être trouver un leader comme l’oie Marguerite ou la chatte blanche Miss B et une solution qui ne passera pas par la violence.
 
 
Xavier Dorison, dont le talent n’est plus à présenter, a eu la bonne idée de s’inspirer de l’œuvre de Georges Orwell « La ferme aux animaux » pour nous proposer ce petit chef d’œuvre. Loin d’être une adaptation, le monde de Xavier Dorison utilise un monde animalier planté dans le Moyen Âge pour dénoncer les régimes dictatoriaux. L’originalité vient du fait que la violence n’est pas la solution et le rat saltimbanque de l’histoire sera là pour le rappeler.
Souvent, trop souvent, les premiers tomes de série (le château des animaux est prévu en quatre tomes) traînent en longueur le temps de présenter la situation. Ici ce n’est pas le cas, le lecteur est immédiatement plongé dans l’aventure, captivé par le récit et se trouve rapidement dans une situation de compassion et d’impuissance face à la situation. Tous les ingrédients sont réunis pour faire une bonne série, l’utilisation du monde animalier donne encore plus de puissance à la démonstration qui semble encore plus vraie que la réalité. La violence psychologique est énorme, le découpage est bien pensé, il est très difficile de trouver des points négatifs à cet album.
 

Pour accompagner un tel récit, on aurait tendance à dire qu’il faut associer un dessinateur de renom pour faire exploser le succès. Eh bien pas du tout, l’auteur choisi en la personne de Félix Delep sort ici son premier album. Son dessin est plus qu’à la hauteur du scénario. Le trait est précis, les personnages sont expressifs, identifiables, les décors sont bourrés de détails, tout porte à croire qu’il y a eu énormément d’heures de travail derrière ces planches et sur tablette. Du haut niveau.
Il ne reste plus qu’à attendre patiemment la suite pour découvrir comment la révolte va pouvoir prendre le dessus sans violence. Un gros coup de cœur, un album que nous vous conseillons vivement.

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