La bande du 9 : La communaut du 9ème art

En pleine guerre de Troie, les Amazones sont campées sur leurs traditions. Mais l’amour pourrait bien venir redistribuer les cartes et les valeurs. Il n’y a pas que le cœur des Amazones qui va être touché, celui des lecteurs également par la générosité scénaristique et graphique des auteurs. Cet album est un chef d’œuvre artistique.
 
 
Alors que les hommes se battent pour la conquête de Troie, non loin de là vivent cachées dans la forêt un groupe de femmes. Guerrières et indépendantes, elles sont encore à ce jour indissociables du mythe ou de la réalité, j’ai nommé les Amazones. Dans cette communauté, il existe des rituels incontournables tels que la « fête des fleurs ». Loin d’une kermesse, ce rituel a pour finalité de capturer un maximum d’hommes qu’ils soient Grecs ou Troyens et de pouvoir s’accoupler avec eux en vue d’enfanter pour donner vie à de nouvelles Amazones. Cette fête est loin d’être une partie de plaisir pour ces hommes au funeste destin. C’est ainsi  dans le respect des traditions qu’Astérie la plus vaillante, accompagnée de fidèles Amazones, part à la conquête de leurs futurs esclaves. Pendant ce temps, la jeune reine Penthésilée, ne pouvant participer à ces festivités, rêve d’une autre vie et de rencontrer un homme. Mais attention, l’amour risque fortement de remettre en cause un héritage culturel perpétué depuis des générations.
 

Pendant une décennie, Géraldine Bindi a enseigné au collège et au lycée sa passion pour les lettres. C’est durant la rédaction de son mémoire sur l’Iliade qu’elle a eu l’idée d’écrire Le cœur des Amazones. Elle va situer son récit durant la guerre de Troie et s’inspirer de l’histoire d’Achille et Penthésilée. Tous les ingrédients trouvent ainsi leur place dans ce récit : la rencontre et l’amour impossible entre Achille et Penthésilée, le courage des Amazones venues aider les Troyens dans leur combat, les règles et rituels qui gèrent la communauté des Amazones.
 

Au-delà des faits ou du mythe, le récit aborde de nombreux sujets tels que la liberté des femmes, la défense de la cause féminine face à la barbarie masculine. Même si elles ne sont pas forcément plus tendres, leurs massacres sont beaucoup plus élégants, l’objectif n’étant pas de faire souffrir ni de massacrer mais de garder une indépendance, une maîtrise de leur choix face aux hommes et ainsi une supériorité.
Le découpage et le déroulement du récit progressent ainsi de manière chronologique mais il faut reconnaitre qu’il n’est peut-être pas à la portée de tout le monde et qu’il faut une certaine bulle de complaisance pour être envouté par l’ouvrage.
 

Au final, cela donne un livre très instructif de 160 pages où le niveau graphique n’est point impacté. Christian Rossi est un artiste de haut niveau et il le prouve encore une fois. Au-delà de la plastique de ses Amazones et de ses personnages, il cherche en permanence à impressionner le lecteur et explore de nouveaux concepts à travers ses paysages et sa mise en couleur.
Cet album est un livre d’art.

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