La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Depuis 45 ans, Jean-Louis Tripp vit avec ce manque d’un petit frère parti trop tôt. Ecrire, dessiner, partager cet évènement était devenu un besoin. « Petit frère » un ouvrage d’une sincérité bouleversante.
 

Août 76 dans le Finistère, la famille Tripier passe des vacances originales. Les oncles, les tantes, les enfants Dominique, Gilles, Jean-Louis et leur mère se sont lancés dans un périple de traverser la Bretagne en roulotte et à Vélo. La chaleur est écrasante en cet été 76, tous les arrêts sont bons pour se désaltérer ou manger des mûres sur le bord de la route. Rares sont les routes goudronnées qu’ils empruntent, préférant les petits chemins de campagne. Joie, rires, insouciance font partie du quotidien jusqu’à ce terrible jour où le convoi est obligé de prendre une route où la circulation est un peu plus présente. Les trois garçons conduisent une roulotte et partagent les chansons entonnées par Gilles alors âgé de 11 ans. Le jeune homme est plein de vie et n’arrive pas à tenir en place. Comme tout garçon de son âge, il est là pour s’amuser et décide de changer de roulotte. Malheureusement, malgré les recommandations de son grand frère Jean-Louis, le jeune homme se penche de la roulotte dans le mauvais sens de la route. La main tendue de Jean-Louis pour le rattraper ne changera rien, une voiture est venue le faucher pour le laisser retomber au milieu de la chaussée. Alors que la voiture s’éloigne sans s’arrêter, une mare de sang commence à envahir le goudron. Toute la famille est abasourdie, impuissante, sans moyen de communication. Gilles décèdera quelques heures plus tard à l’hôpital.
 
 
Jean-Louis Tripp avait 18 ans lorsque ce drame s’est produit. Tout le monde connait cet auteur de BD pour ses ouvrages tels que « Magasin Général » ou bien encore « Extases » mais cet auteur à succès est avant tout un homme comme les autres avec une vie privée qu’il préserve comme tout un chacun. Il aurait pu conserver cette ligne directrice, pourtant l’auteur a senti le besoin de raconter son histoire, sa vie et surtout cet évènement qui a bouleversé sa vie et qui le tracasse depuis 45 ans, le décès de son petit frère.
 

Comme une thérapie, lors de la genèse, l’auteur va se replonger dans les restes de ses souvenirs et va compléter les trous avec l’aide de sa famille et surtout avec sa maman qu’il chérit plus que tout. L’auteur va ainsi nous embarquer sur un roman graphique de presque 350 pages qui se lit avec une facilité déconcertante. Cette histoire tragique, bouleversante qui tire les larmes aux yeux est un véritable chef-d’œuvre scénaristique dans sa composition. Les lecteurs pourront ressentir à travers ces longues cases de silence qui se visualisent comme des diapositives familiales ou bien encore à travers cette mise en scène graphique où certaines images telles que la main tendue sont reprises sous des aspects différents, toute l’âme mise par l’auteur qui montre qu’il ne triche pas. Les lecteurs vivent ainsi au côté de la famille ce tragique évènement, des questions sans réponses, un sentiment de culpabilité.
Espérons que cette écriture a permis à l’auteur de le libérer d’un poids et surtout d’avoir pu repartager des souvenirs avec son petit frère.

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