La bande du 9 : La communaut du 9ème art

C’est la panique dans le laboratoire secret du groupe Becker. Un condamné à mort a été remplacé par un autre. Pire, le macchabé est revenu à la vie ! Pour la docteur Irina Danko et le reste de son équipe, cela marque le début d’une étrange série d’événements !
Si le scénario de Walter Hill est un peu déséquilibré, le dessin de Julien Ribas nous fait passer un excellent moment de lecture.
 
La docteur Irina Danko travaille pour le laboratoire pharmaceutique Becker, au sein de la station Rynpeski , en plein désert de Ryn. Un trou perdu en Sibérie ! Son rôle est de préparer les détenus à subir une intervention. En réalité, les prisonniers sont les pires crapules que l'humanité puisse imaginer et l'intervention vise à prélever une glande dans leur cerveau avant de leur injecter le produit fatal. Pour la docteur Danko, cela constitue un travail alimentaire plutôt intéressant. Tout se déroule normalement jusqu'à l'intervention sur un certain Japarov, un chef de gang ouzbek ultra violent. Alors que l'opération touche à sa fin, un blackout complet intervient. Au retour de la lumière, Japarov a disparu ! A sa place se trouve un macchabée sans pupille. Évidemment, le service de sécurité est sur les dents, d'autant que d'étranges événements se réalisent. Et si c’était l'œuvre de cet étrange spécimen.

Réaliser un scénario à deux paires de mains n'est jamais chose facile. Surtout lorsque l'océan Atlantique vous sépare. C'est pourtant ce que font Walter Hill et Matz. Le premier est un célèbre scénariste et réalisateur américain, le second l’adapte avec brio  pour l’Europe. C'est ainsi que sont sortis Balles perdues et Corps et d’âme. Cette fois-ci, ils imaginent un thriller fantastico scientifique. La docteur Danko est une médecin très douée que la vie n'a pas épargnée. Elle réalise des recherches sur les hormones de croissance pour le compte du gouvernement russe. Mais comme on dit, "on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs" et ses recherches impliquent de mutiler des condamnés à mort. Cela pose de plus en plus de cas de conscience à la jeune femme. C'est alors qu'apparaît mystérieusement un mort sans pupille puis, plus dingue encore, qu'il ressuscite ! À partir de là, rien ne va plus au sein du centre. Pour ce qui est du rythme, rien à redire. On se croirait dans un blockbuster hollywoodien. C'est surtout l'ambiance qui est magnifiquement distillé. Certes, le centre Rynpesky est vaste mais il est totalement isolé, perdu en Sibérie et rien ni personne ne peut aider ses occupants. Le huit clos est parfait !  Parfait pesant ! Cette atmosphère étouffante, on la retrouve dans le style de Julien Ribas. Le trait est élégant et dynamique mais ce qui marque surtout, c'est le choix des couleurs. A elles seules, elles réussissent à dater les songes d'Irina ; à tel point qu'on se demande pourquoi les scénaristes se sont embêtés à donner une date précise. J'irai même encore plus loin en faisant remarquer que ses rêves, majoritairement muets, sont probablement les meilleures planches d'un point de vue dessin mais qu'ils ne sont pas assez exploités dans la narration et cela perturbe un peu la lecture.

Au final, Le spécimen est un est un album intéressant et troublant qui mélange peut-être un peu trop de genres en même temps. Si chacun se fera son propre avis à la lecture, on passe tout de même un bon moment en sa compagnie ; grâce à Julien Ribas en grande forme.

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