La bande du 9 : La communaut du 9ème art

1910. Alors que Paris a les pieds dans l'eau, de mystérieuses ombres venant de nulle part hantent les toits de la capitale. Pour le journaliste Victor Billetdoux, c'est le début d'une enquête mouvementée où les rivalités européennes  s'entrechoqueront avec un mystérieux culte égyptien et l'étoile d'Isis.
La réédition de la deuxième aventure de Victor Billetdoux toujours aussi géniale.
 
Paris, janvier 1910, alors que l'île Saint-Louis s'endort sous une petite pluie fine, deux ombres furtives se glissent sur les toits. L'humidité aidant, l'une d'elles glisse, tombe et meurt. Le lendemain, l'énigmatique Ernest Marie Boulin, assistant à l'Observatoire de Paris, téléphone à Victor Billetdoux. Il souhaite le consulter à propos d'une photographie mais reste très mystérieux. Quelques heures après, il est retrouvé mort sur le palier du journaliste de l'Echo de Paris. Quant à la photo, elle s'est volatilisée. Il n'en faut pas davantage pour que le journaliste aille fureter du côté de l'Observatoire. Il rencontre le curieux professeur Astrol dont les explications ne le convainquent pas. Et pour cause, l'homme n'est pas celui qu'il affirme être et sa participation au meurtre ne fait aucun doute. Pour ne rien arranger, il semble de mèche avec les mystérieuses ombres de nulle part. Pour Victor Billetdoux, l'enquête s'annonce particulièrement dangereuse et agité.

Après avoir rendu hommage à Pierre Wininger en publiant les premières Aventures de Victor Billetdoux, la pyramide oublié, Les Aventuriers de l'étrange récidivent avec la deuxième histoire, Les ombres de nulle part. Si l'œuvre de Pierre Wininger est, trop, méconnue aujourd'hui, c'est sûrement à cause de sa grande discrétion. Pourtant, nombreux sont les auteurs actuels à se dire influencés par elle. À commencer par Didier Convard qui signe une préface particulièrement touchante. Et il y a de quoi! Les ombres de nulle part nous plonge, dès la première page, dès la première vignette dans un univers particulier. Bien sûr, c'est le Paris de la grande inondation de 1910 mais sous les crayons de l'artiste, on devine déjà le fantastique. Par la suite, notre intuition se révèle bonne. Des hommes volants, la mystérieuse étoile d'Isis et inculte secret égyptien, sans compter l'insertion de l'inondation et du contexte géopolitique du début du siècle. Une véritable intrigue donc où les rebondissements s'enchaînent les uns aux autres et où le suspense est constamment renforcé par des nouveaux éléments. Pour ce qui est du dessin, on retrouve la touche Wininger, cette délicatesse matinée de force de conviction, de fluidité et de précision. C'est élégant et  extrêmement plaisant à lire. D'autant que la colorisation a été revue et corrigée. Lors de sa sortie, au début des années 90, l'album laissait beaucoup de place à la noirceur de l'obscurité. Désormais, Anna J Benzcédi fait le choix de plus de luminosité. Pari gagnant qui permet à l'histoire de prendre un ton plus moderne et lisible.

C'est toujours un immense plaisir de pouvoir redécouvrir les œuvres majeures mais oubliées. Avec ces Aventures de Victor Billetdoux, Les Aventuriers de l'étrange nous enchantent. Seulement voilà, Les ombres de nulle part est l'ouverture d'un diptyque et l'attente de l'album de clôture promet d'être longue. On se consolera en relisant ce génial album.

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