La bande du 9 : La communaut du 9ème art

A Moscou, en 1905, la colère et la révolution grondent. C’est alors qu’un geste anodin du gouverneur va signer son arrêt de mort. Commence alors un long cheminement entre la victime et son meurtrier, un parallèle remarquablement mis en scène par Fabien Nury et Thierry Robin qui prouvent qu’une intégrale peut être bien plus que le regroupement de deux albums.
 
Moscou 1905. Les révolutionnaires russes poussent et le pouvoir tsariste décline. C'est dans ce contexte d'extrême tension qu’un geste presque anodin du gouverneur Sergueï Alexandrovitch met le feu aux poudres. En pleine manifestation, le gouverneur laisse échapper son mouchoir. Les soldats pensent qu'il s'agit du signal et ils ouvrent le feu sur la populace en colère. Il signe ainsi son arrêt de mort. Georgi, un terroriste va utiliser tous ses réseaux afin de l'éliminer ! Commence alors une lutte à mort entre les deux hommes. Le premier cherche à survivre, ou à défaut à comprendre pourquoi il doit mourir. L'autre cherche à éliminer l'autorité et ne souhaite absolument pas comprendre pourquoi. Si les deux protagonistes ne vont jamais se croiser, leur destin est plus qu'intimement lié…

La première collaboration entre Fabien Nury et Thierry Robin avait débouché sur La mort de Staline. Contents du résultat et ayant envie de continuer l'aventure ensemble, ils avaient signé un deuxième projet intitulé Mort au Tsar. Avouez qu'au niveau originalité de titre, on pouvait espérer mieux ! Néanmoins, ce projet avait été le résultats de nombreuses tractations. Est-ce que cette histoire à double narrateur devait être une dilogie, un diptyque voire un one shot ? Puisque la formule avait fonctionné auparavant, il avait été décidé que ce serait une dilogie : un double récit avec deux focalisations; une par album. Malheureusement, si le résultat plut au public, ses concepteurs n'étaient pas pleinement satisfaits. Et puis Dargaud a suggéré l'idée (à la mode, osons le dire !) de regrouper les deux albums dans une intégrale. Certes l'idée était alléchante mais les auteurs craignaient une redite, un effet miroir trop pesant. Ils évoquèrent dès lors leur droit au repentir afin de remonter les albums en supprimant l’effet redondant de l'intrigue, tout en renforçant le parallélisme entre les deux personnages. Le résultat en est un tout nouvel album. L’opposition des deux personnages principaux devient palpable, les planches s’enchaînent par nombre paire avec une fluidité telle qu'on les croirait construites exprès. Pour le reste, l'intrigue est toujours aussi magistralement menée et les dessins ont toujours la même qualité. L'impression d’oppression est toujours aussi présente et les prises de vue sont toujours aussi spectaculaires. Heureusement puisqu’aucune case n'a été retravaillée !

Avec ce Moscou Année Zéro, les édition Dargaud avec Fabien Nury et Thierry Robin montrent qu'avec un peu d'ingéniosité et beaucoup de volonté, une intégrale peut être bien plus que deux histoires mises bout à bout ; une intégrale peut devenir rien de moins qu'une nouvelle histoire. Et quelle histoire !!

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