La bande du 9 : La communaut du 9ème art

L'histoire d'une fillette vendue par son père pour en faire une geisha et qui va s'avérer être la plus douée de toutes. La plus douée et la plus éprise de liberté!
Après de nombreuses années d'attente, Parfum de soie vient clore l'histoire d'Isako débutée avec Petite Geisha. Une histoire poignante dans un décor absolument sublime.
   
La petite Isako est fière. Fière et surexcitée car son père, d'habitude si renfermé, a accepté qu'elle l'accompagne pour la livraison d'un nouveau kimono à l'okiya. Elle est cependant très loin de se douter que ce voyage va être le dernier qu'elle va effectuer libre. En effet, son père a décidé de la vendre avec pour perspective d'en faire une servante ou une geisha. Pour l'enfant, qui n'a connu que le cocon familial, la découverte de cet univers hostile va laisser des traces. Elle découvre ainsi qu'elle a deux sœurs aînées qui, elles aussi, sont devenus geishas. Et des geishas parmi les plus courtisées du Tokyo de ce milieu du XIXe siècle. Si pour la fillette, cette nouvelle devrait la réconforter, pour ses sœurs, elle n'apparaît que comme une rivale de plus. Et puis, il y a les jeux de pouvoir et d'influence entre les danas, ces hommes protecteurs autant que propriétaires des geishas. Sans oublier l'amour qui a toujours ses raisons...


Lorsque l'on évoque le Japon, l'image qui nous apparaît immédiatement à l'esprit est celle des geishas traditionnelles avec leur kimono et leur prestance à servir le thé lors des cérémonies du même nom. D'aucun dirait  " le Japon traditionnel". Ce serait oublier que les traditions se perdent même au pays du Soleil-Levant. Mais je m'égare un peu. Revenons donc à nos geishas car, hormis leur aspect, leur fonction reste assez énigmatique. Était-ce des prostituées? des hôtesses? des dame de compagnie? Étaient-elles libres et volontaires ou au contraire ressemblaient-elles davantage à des esclaves? Toutes ces questions, l'occidental moyen se les pose et puis les oublie devant la beauté des kimonos. En 2012, dans Petite Geisha, Isabelle Plongeon nous présentait le destin d'Isako, jeune fille vendue dans une école de geisha. Après cet événement dramatique, la scénariste nous dressait le portrait d'une société nippone extrêmement violente et l'album se terminait par un dramatique accident aux conséquences funestes. Pour l'enfant qui n'avait connu que le cocon familial, cet univers hostile avait laisser des traces. Devenue adulte et manipulant désormais à la perfection les jeux de pouvoir et d'influence entre les danas, Isako va se spécialiser dans l'art traditionnel des parfums, le koh-do. Cet art très ancien et quasiment totalement oublié qui doit lui permettre de récupérer sa liberté. Liberté qui s'avère bien difficile à obtenir... Pour mettre ce récit initiatique en images, Dana Dimat répond toujours présente. Avec un stylo aux fortes influences manga, la dessinatrice italienne nous immerge dans cet univers extrême-oriental. Les décors sont d'une beauté saisissante et les personnages aussi attachants que charismatiques. Là où le bât blesse, c'est qu'avec les maquillages, ils perdent quelque peu en identification et que leur nom, à la japonaise, ne nous aide pas beaucoup à nous y retrouver.

Si Petite geisha était prometteur, l'album trouve enfin sa conclusion avec cette sorte d'intégrale exotique à souhait et féministe jusqu'au bout des ongles.

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