Nom de la série : 60 ans, déjà
Scénario : Jim
Dessin : Jim
Couleur : Delphine
Maison d'édition : Anspach
60 ans! C'est le bel age! Plus d'enfants à charge, plus de crédit et de l'expérience à revendre! Ce n'est pas tout à fait ce qu'en pense Jim ! L'artiste aux mille vies nous livre sa vision de la soixantaine. Un vision caustique, cruellement féroce et juste qui devrait vous faire craquer !
60 ans ! C’est l’âge parfait ! Imaginez ! La Sexagénaire ne recherche plus un substitut de père ; elle est experte en cuisine… et en sexe ; et pour couronner le tout, elle est indépendante financièrement. Sauf que c’est également le cas de son homologue masculin qui, lui aussi, est à la recherche d’une jeunette. Pour d’autres, avoir 60 ans, c’est commencer à avoir des pensées de droite : articles du Figaro, alarme et télésurveillance ou encore interview croisée entre Michel Sardou et Christian Clavier. Mais n’en parlez surtout pas à votre psy, elle aussi a plus de 60 ans ! Enfin, prenez une sexagénaire à laquelle sa fille annonce qu’elle sera bientôt grand-mère. Passe encore que le futur rejeton l’appelle mamie ou que cela nuise à l’écologie, mais il est inconcevable qu’elle couche avec un grand-père...
Des histoires et anecdotes comme celles-ci, 60 ans, déjà ? en regroupe à la pelle. Après avoir rhabillé pour la semaine les masculinistes toxiques et féministes extrémistes de tout poil avec son Chant du cygne, Jim se rappelle qu’il bascule d’une dizaine et revisite la lutte des générations avec ce nouvel album. L’artiste aux multiples casquettes reprend d’ailleurs la même construction. Le lecteur se retrouve donc face à des gaufriers de deux par trois avec la même image répétée. Une nouvelle fois, il va y avoir quelques modifications : rétrécissement et/ou élargissement de champ, personnage qui apparaît ou/et disparait mais les unités théâtrales sont bien présentes. Cela a pour mérite de fixer le cadre et d’exposer des personnages dans un laps de temps minuscule. On s’amuse également à jouer au jeu des différences entre les vignettes car on comprend vite que ces petites nuances ont un rôle primordial dans les chutes de chaque gag. Pour faire simple, c’est dynamique, drôle (surtout pour ceux qui n’ont pas encore atteint l’âge fatidique) et terriblement corrosif. C’est l’œuvre des dialogues qui, sous de faux airs inoffensifs, sont d’une ironie irrésistible. Pas besoin d’aller très loin, le premier gag donne le ton : pour obtenir une réduction, un sexagénaire préférerait la carte jeune à la carte senior mais, refusant son âge, il paiera plein tarif, qualifiant au passage le jeune guichetier de nom d’oiseau ! C’est décalé à souhait mais pourtant tellement réaliste et en fin de compte… vrai. Néanmoins, l’humour tout cruellement juste ne devient jamais méchant. On se moque des travers et des rêves inaccessibles remis au lendemain mais tout le monde en prend pour son grade et le fond reste bon enfant. Ces féroces gag et géniaux traits d’esprit sont mis en couleur dans des teintes extrêmement fraîches signées Delphine. Un travail familial qui renforce l’aspect joyeux de la soixantaine.
Avec la justesse qu’on lui connait, Jim nous livre sa perception de la soixantaine, une vision caustique de la jeunesse de la vieillesse, un album drôle et cruellement juste qui parlera à tous ; puisqu’on passera tous par là.