Titre du Tome: 999, à l'aube de rien du tout 1/2
En l’an de grâce 999, 3 enfants sauvages vivent près d’une abbaye. Malheureusement, ils possèdent d’étranges pouvoirs qui intriguent les hommes d’Église. Les gamins ne doivent d’éviter le bûcher que grâce à l’intervention d’un chat philosophe et télépathe.Une adaptation de l’œuvre de Claude Daubergies sur l’enfance et la barbarie de la vie à l’aube du second millénaire. En cette année 999, trois gamins vivent à côté d’une abbaye. Don Evrard, le Père Supérieur, leur a dit qu’ils venaient d’ailleurs et qu’ils n’étaient pas chrétiens. Il a néanmoins caché les enfants et continuent

à veiller sur eux. Les enfants, à moitié sauvages, se nourrissent des restes des moines et de ce que leur donne la nature. Il y a Sylvain qui parle aux arbres, Titène qui nage très bien et très longtemps et Sérétta. Lorsque le jeune Titène ramène à la cabane un chat blessé, ils sont loin de se douter qu’il s’agit d’un philosophe qui traverse le siècle. Le félin, qui a la capacité de communiquer avec les humains, s’éprend des trois mouflets et décide de les conduire vers la mère, vers la liberté, loin de ce premier millénaire crasseux et barbare où les hommes d’Église constituent le pire danger pour une bande de gamins vagabonds.
999, à l’aube de rien du tout, est l’adaptation du roman de Claude Daubercies, publié en 2000. Il était tout naturel que le scénario soit confié à Denis Pierre Filippi. Le scénariste des
Livres de Vie (
Jack et
Sam) avec Boiscommun et
Le voyage extraordinaire avec Cambonni, présente en effet le profil parfait. Il est le spécialiste des récits d’enfance à dominante fantastique. L’adaptation est

cependant un exercice assez compliqué car il faut trouver le juste équilibre entre dessin et narration. L’autre difficulté inhérente à ce récit réside dans le choix du narrateur : un chat, philosophe qui plus est. Malheureusement, Filippi se laisse embarquer dans un déséquilibre trop marqué. Il y a beaucoup de narration et cela nuit au rythme du récit. Néanmoins, l’adaptation respecte plutôt bien l’esprit du roman. Ce qui correspond également à l’âme du roman, c’est le dessin de Marco Bianchini. Le dessinateur qui s’est fait connaître grâce aux fantastiques
Fourmi blanche connait également bien le moyen âge. Après
François sans nom, il rend une fort belle copie. Le dessinateur

italien illustre le tournant du millénaire avec un réalisme déconcertant. Les villes sont des endroits sales protégées par des gardes hargneux. Les campagnes permettent aux miséreux de survivre, mais les bûchers des ecclésiastiques constituent un danger permanent. C’est tout cela que Marco Bianchini fait transparaître grâce à son style réaliste.
999, à l’aube de rien du tout, est l’ouverture d’un diptyque d’adaptation. Même s’il reste quelques défauts, la lecture de l’album constitue un agréable moment et une évocation presque historique de la charnière entre Haut Moyen Age et Moyen Age central. Finalement, on a hâte de retrouver les 3 enfants et leur chat télépathe philosophe dans la suite et la fin de leur odyssée.