Titre du Tome: A quoi pensent les Russes ?

8h, en transit à Dubaï. 8h durant lesquelles l'artiste commence à se demander s'il a bien fait d'accepter. Heureusement, à peine à Saint-Pétersbourg qu'il est accueilli par Chat, sa « fixeuse », celle qui va l'accompagner, le guider et lui faciliter les contacts. Muni de son attirail de dessinateur et de son indéfectible candeur, il va partir à la rencontre d'un peuple depuis longtemps sous l'emprise de la propagande mais qui se retrouve coupé du monde du jour au lendemain. Un peuple qui refuse de parler aux journalistes mais pas aux artistes et qui pourra donc s'exprimer le plus librement possible, laissant apparaître de profondes divisions...
sert alors de dangereux extrémistes fanatiques de la culture slave ou, à contrario, de gentils démocrates. Malheureusement, la réalité est loin d'être aussi manichéenne ! A travers cet album reportage, Nicolas Wild nous raconte ces quelques semaines durant lesquelles il a écouté les habitants de Saint-Pétersbourg mais s'est aussi baladé des provinces plus rurales et agricoles.Sous l'égide de Chat, il a rencontré un opposant politique qui lui explique comment le système perturbe le jeu démocratique, des nostalgiques de l'URSS qui confondent domination et amitié, ouverture d'esprit et décadence mais aussi de farouches opposantes. Mais il nous raconte également l'attachement à des valeurs qu'on peut estimer décaties et une perte de valeurs qu'on jugerait essentielles. À travers ce format à l'italienne, assez rare de nos jours, le récit prend un air de cinéma. Les rencontres se font sur écran 16/9 donnant l'impression d'une seule et unique bande. Le choix du noir et blanc est aussi original que judicieux. Il n'y a plus de couleurs, vives ou sombres, plus de lumière ou d'obscurité. C'est totalement surprenant après une couverture aux teintes tricolores
extrêmement vives. Chose aussi équivoque, c'est l'absence de bouche dessinateur sur cette même couverture. Un peu comme s'il prenait le parti pris de rester neutre, comme s'il cherchait au maximum l'objectivité. Après tout, son travail, et il le sait, ressemble énormément celui du journaliste. Pourtant, cet objectivité est impossible en dessin ; même en restant le plus fidèle à la réalité et en étant le plus candide possible.Nom d'utilisateur : LABANDEDU9
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