Amore

A travers neuf histoires courtes, Zidrou et David Merveille illustrent neuf facettes différentes de l’amour, de quoi rallumer la petite flamme dans tous les cœurs.
 
C'est l'histoire d'un homme. C'est l'histoire d'une femme. C'est l'histoire d'un couple. Ils s'aiment. Et puis, une nuit, il est parti, elle fait l'amour avec un autre. Elle l'a trahi. Il pleure. Pour remettre les compteurs à zéro, elle lui propose de faire l'amour avec une autre. Il accepte. Il part. Il cherche. Tout prêt d'abord puis de plus en plus loin. Pendant des années, il cherche. En vain car la seule avec qui il a envie de faire l'amour, c'est elle et personne d'autre qu'elle.
C'est l'histoire d'un rémouleur qui, profitant de la présence à la messe de la signora Penna passe ses dimanches matins en compagnie de la douce et impudique Oriana. C'est l'histoire d'un rémouleur qui prend le 15 août pour un dimanche et qui, dévoré par la jalousie de voir la ferronnière de son cœur avec un autre décide qu'elle n'appartiendra jamais plus à personne.

« L'amour a ses raisons que la raison ignore » dit le proverbe. C’est cet amour qui fait oublier qu'il pleut lorsque l'être aimé vous embrasse. À travers neuf courtes histoires, Zidrou va  ainsi nous présenter neuf facettes de l'amour. Bien sûr, il y a l'amour passion, celui qui fait soulever des montagnes, celui qui ressemble à une publicité pour l'amour. Il y a aussi l'amour pulsion, excessif qui fait de l’amant jaloux un meurtrier implacable. La force de l'auteur belge, c'est de renouveler son propos en permanence. C'est aussi, et surtout, de réussir à nous parler d’amour en nous touchant au plus profond de nous. Le scénariste parle à notre inconscient, au gamin ou à la gamine que nous étions et qui rêvait de princesse ou le prince charmant. Il nous arrache même quelques larmes avec ce vieil homme, au crépuscule de sa vie, qui remercie son corps pour tout l'amour qu'il a reçu et donné. Le scénariste s'amuse aussi un peu avec les clichés en plaçant son histoire au pays de l'Amour : l'Italie. Cet idyllique pays est merveilleusement retranscrit dans ces ambiances par David Merveille. Après avoir croqué le Monsieur Hulot de Jacques Tati, le dessinateur nous immerge dans la Dolce Vita, version Cinecittà. Avec un style minimaliste mais un jeu hypnotique sur les couleurs, il nous fait comprendre qu'un simple geste, qu'un simple objet peut changer le cours d'une relation. Grâce à des grands aplats et en réduisant les traits, les atmosphères gagnent en intimité et la lecture en fluidité. C'est très original et cela correspond à la fois à l'époque évoquée, celle des années 50 et 60 et à la thématique : les couleurs se fondant les unes dans les autres à l’image des corps mais sans jamais tomber dans la provocation.

On l'aura donc compris, Amore est un hymne à l'Amour sous toutes ses formes. Une sorte d’anti site porno qui fait la part belle aux sentiments plutôt qu'à l'acte et qui (r)éveillera la petite flamme en chacun d'entre nous.