Anita Conti

Nom de la série : Anita Conti
Scénario : José-Louis BOCQUET
Dessin : Catel MULLER
Maison d'édition : Casterman

Casterman continue sa série des grandes figures féminines « Les clandestines de l’histoire », et après Alice GUY et Joséphine BAKER, CATEL et BOCQUET s’attaquent à la tâche de présenter la première océanographe française, Alice CONTI.

Alice CONTI est née dans une famille bourgeoise avec pour père un médecin hygiéniste qui lui fera découvrir très tôt les joies de l’eau. Sa relation avec son père se distendra à la faveur de la séparation de ses parents, mais on ne saura jamais quels ont été exactement les facteurs de cette rupture avec son père. Alice CONTI n’aime rien d’autre qu’embarquer à bord de bateaux découvrir le monde de la mer sans se soucier des différences sociales. Ce qui prime est son envie d’apprendre, de voyager et de préserver sa liberté. Celle-ci s’exprimera même mariée : alors que son mari travaille comme secrétaire d’ambassade en AUTRICHE, elle restera en FRANCE pour exercer son premier métier, celle de relieuse d’art.

Les soubresauts historiques télescoperont également son parcours avec une Seconde Guerre mondiale qui la conduira à résister, et la poussera à trouver d’autres voies pour nourrir la population en cherchant du côté de l’Afrique pour dévier le blocage mené par les Nazis des ports métropolitains. Ses rencontres avec le pouvoir, des artistes comme Jean COCTEAU ou avec un autre passionné qu’elle par la mer, Jacques-Yves COUSTEAU, feront d’elle une spécialiste des océans et une précurseure de l’écologie regrettant le nombre de poissons pêchés pour rien. Ses différentes entreprises, elle les mènera avec passion jusqu’à s’oublier elle-même sans rien prévoir pour ses vieux jours. Ceux-ci lui offriront malgré tout encore des moments de bonheur avec celui qui deviendra son fils adoptif Laurent GIRAULT-CONTI et prendra soin d’elle et de sa mémoire.

L’appareil critique situé en fin d’ouvrage est riche avec des notices biographiques pour bien comprendre à quel point la vie de « la dame de la mer » a été celle d’une héroïne romanesque à l’instar de son animal de compagnie Héliodore, un python. Le couple CATEL BOCQUET a effectué un travail documentaire conséquent pour rendre compte de toutes les facettes d’Anita CONTI, à la fois femme libre, poétesse, documentaliste et exploratrice des fonds marins informant des dangers de la surpêche.
Le découpage en saynètes où les dialogues sont majoritaires rend ce biopic facile d’accès malgré toutes les vies qu’Anita CONTI a eues. La limpidité du trait de CATEL qui a eu un gros travail à faire sur les bateaux ne manquera de poursuivre le succès de la collection qui a pour objectif de sortir les femmes de leur invisibilisation n’en déplaise aux phallocrates haineux en ligne qui lui avaient conseillé de s’occuper de ses enfants…

Nul doute que le lectorat de ce volume attendra une nouvelle fois la sortie du biopic d’une nouvelle héroïne.