Légende ou Réalité, l’histoire de la pirate irlandaise Ann Bonny prend de nouveau vie en Bande Dessinée sous les traits de Franck Bonnet qui nous livre une histoire romancée avec toute la dureté de ce qu’a pu rencontrer la jeune fille dans le monde de la piraterie mais également dans ses relations avec les hommes qu’elle a côtoyés.
En Janvier 1978, sur l’île de New providence à Nassau, dans le repaire des pirates et corsaires, le commerce bat son plein. C’est à cette période que débarque sur l’île la jeune irlandaise Ann Cormack. A peine est-elle entrée dans la ville que celle qui se fait appeler « La Cabella » et qui dirige le plus grand établissement de plaisir de la ville tente de convaincre la jeune fille de la rejoindre pour la protéger de tous ces forbans. La Cabella lui propose de faire le service en salle et de devenir une femme car pour Ann, il n’est pas question d’ouvrir les jambes pour gagner sa vie mais bien de devenir une pirate. Mais à cette époque, rares sont les femmes qui embarquent sur les bateaux pour faire carrière. La Cabella lui propose alors de se rapprocher du gouverneur de l’île, un certain Woodes Rogers. Mais, en coulisses, la Cabella va trouver un arrangement avec James Bonny en échange de quelques livres pour qu’Ann devienne son épouse permettant ainsi à James de toucher un futur héritage. Une nouvelle vie s’ouvre ainsi à Ann Bonny.
Après avoir navigué sur les flots et les mers avec « les pirates de Barataria » et « Uss Constitution », Franck Bonnet se lance dans une nouvelle aventure avec Ann Bonny.
De son vrai nom Anne Cormac, devenue pirate au début du 18ème siècle et dont la vie est principalement retracée par des légendes et non des documents officiels. Et pour cause, la gent féminine n’est pas la bienvenue à bord, souvent obligée de se travestir en homme pour diriger. « Qu’elle soit réelle ou imaginaire, Franck Bonnet a choisi de son côté de la faire exister en Bande Dessinée, le plus fidèlement possible, dans un monde qui l’a vue évoluer avec des personnes qu’elle a croisées, aimées ou subies ».
Même si cette histoire est romancée, l’auteur s’est attaché à respecter ce qui lui tient sûrement le plus à cœur, l’architecture navale, ce qui donne quelques petites cases intéressantes pour la beauté des yeux mais qui ne prennent pas le dessus sur le récit. Car de ce côté aussi, même si c’est de nouveau romancé, l’auteur évoque la condition de la femme à la fois sur ses droits quasiment inexistants après le mariage et aussi sur la dureté de la vie de pirate au féminin qui doit subir en tant que femme les assauts permanents (allant jusqu’au viol) des hommes et qui se retrouve obligée d’utiliser ses charmes et pas que, comme une arme de défense et d’attaque pour vivre et survivre, ce qui donne lieu à quelques scènes assez violentes et osées.
Côté dessin, l’originalité ne vient pas du style de l’auteur que l’on connait bien et qui est reconnaissable mais du type de papier utilisé pour l’impression, un papier mat qui donne un sentiment de vieux livre que l’on pourrait classer à côté des vieux barbes rouges d’Hubinon et Charlier.
Nous sommes prêts à accueillir d’autres aventures.
