Nom de la série : Après l'orage
Scénario : Jean Cremers
Dessin : Jean Cremers
Couleur : Jean Cremers
Maison d'édtion : Le Lombard
Une montée des eaux va obliger Hélène à rester chez ses parents. Une situation angoissante pour elle qui vit avec un homme violent et qui a peur des conséquences de ne pas rentrer. Mais cela peut être une occasion de se confier à ses parents, les soutenir également et de trouver une solution après l’orage.
Dans une petite rue calme où deux maisons se font face, Hélène vient rendre visite à ses parents. Avant de descendre de voiture, elle prend une pause, essuie ses larmes, enlève la trace de sang qui perle sur ses lèvres et se recoiffe pour donner une bonne impression. Pendant ce temps, la pluie commence à tomber et la jeune femme se retrouve trempée en traversant la rue pour aller sonner à la porte. Fernand, son père, lui ouvre avec le sourire puis elle retrouve sa mère Jacqueline qui semble en petite forme à cause de cette maladie d’Alzheimer qui la ronge petit à petit. Hélène fait le tour de la maison, constatant que les post-it sur les meubles et murs se multiplient. Elle pose son manteau humide sur une chaise et navigue de pièce en pièce en cherchant à se rassurer, se protéger dans son cocon si calme et reposant. Dehors la pluie redouble et le ciel est de plus en plus noir. Puis, Hélène monte les escaliers pour retrouver son père à l’étage dans son atelier de sculpture. Ils échangent des regards et des paroles discrètes, quelques mots sur la mère jusqu’à la question de trop « Au fait, ça va avec Daniel ? »
Daniel est le petit ami d’Hélène mais tout porte à croire que les choses entre eux ne sont pas si simples. Les parents d’Hélène, malgré leur âge et la maladie, ont tout comme les lecteurs détecté les signaux d’un malaise. Leur fille reste leur priorité mais ils se retrouvent bien impuissants pour trouver les bons mots et agir en conséquence. Cet orage qui gronde et les eaux qui commencent à monter dans la rue vont obliger Hélène à rester chez ses parents. Cet évènement imprévu va lui offrir à la fois un moment de répit et peut être une porte de sortie mais pour le moment Hélène est dans l’angoisse de ne pas rentrer chez elle et de ne pas pouvoir avertir Daniel à cause de la coupure du réseau, elle a peur du retour à la maison et de ce qui va en suivre.
Jean Cremers, l’auteur de ce roman graphique, a construit son scénario autour de trois axes, trois thématiques, un pari osé au risque de ne rien raconter et de perdre le lecteur. Le premier axe traité est celui de la violence envers les femmes. Pour exprimer et illustrer cette problématique, l’auteur va construire un personnage fort. Ce n’est pas par les mots qu’elle va exprimer sa douleur mais à travers les gestes, les expressions du visage et les coups sur son corps. Tout cela va être traité par le dessin, un visage marqué, des regards dans le miroir, des mains qui se cachent le long de son corps. Un très bel exercice de style. Le second point abordé est autour de la famille. Le trio se retrouve en huis clos, ce moment de rapprochement les soude et chacun cherche à aider l’autre. Le père cherche à changer les idées de sa fille, il aide sa femme dans la maladie. La mère, malgré sa maladie, cherche à donner des solutions à sa fille. Et Hélène soutient son père pour tous les efforts qu’il produit malgré son âge. Et enfin le dernier point est celui des inondations où, visiblement pour avoir vécu ce cauchemar, l’auteur raconte cette situation de stress, d’isolement, de peur mais aussi de soutien.
Trois sujets évoqués en même temps qui auraient pu être un véritable couperet pour la réussite de cette histoire. Et pourtant même si les sujets ne sont pas creusés à leur maximum, l’histoire tient la route, ce n’est pas du tout perturbant, le tout reste très crédible et touche forcément de nombreuses personnes qui ont connu ou connaissent ces situations.
Un album à conseiller, même s’il ne donne pas de solutions, cela reste des sujets de société qu’il ne faut pas négliger et qui malheureusement prennent des parts de plus en plus importantes.