Nom de la série : Avaler la lune
Tome : 1
Titre du Tome: L'ascenseur
Scénario : Robin COUSIN - Grégory JARRY
Dessin : Lucie CASTEL
Couleur : Robin COUSIN
Maison d'édtion : Casterman
Pour sauver ce qu’il reste d’humanité, des scientifiques ont lancé le projet titanesque de forêt lunaire. Malheureusement, ce projet n’a fait qu’accélérer la chute. 500 ans plus tard, leur fille Agofia a la lourde tâche de terminer le travail. Mélange d’écologie radicale et de colonisation spatiale, d’anticipation et de pure science-fiction, ce premier opus réussit un excellent lancement.
Agofia est sous-pression. La jeune fille a un timing contenu pour récupérer l’exoterus de son père. Malheureusement, le scaphandre est bloqué et, à l’intérieur, son père est décédé. Il en faut davantage pour la décourager. De toute façon, elle n’a pas le choix : l’exoterus doit lui permettre de prendre l’ascenseur lunaire afin de rallier le site d’installation de la forêt spatiale. En effet, Agofia est la fille de Palma et Jonas Karani. 500 ans auparavant, ils ont imaginé une solution radicale pour dépolluer la terre. Ils voulaient installer un générateur d’énergie propre et infinie sur le satellite naturel de la Terre. Ce projet titanesque, aux risques calculés, a précipité la fin de l’humanité. Tout repose donc sur les épaules d’Agofia...
Alors que débute 2025, les experts s’accordent pour dire que l’année dernière a été la plus chaude depuis qu'existent les relevés de données. Et puis, dans quelques jours, un climatosceptique s’installera à la Maison Blanche. On n’a donc pas fini de voir fleurir les solutions plus ou moins abracadabrantesques. Seulement, jusqu’où l’Homme est-il prêt à aller ? Cette question, Robin Cousin et Grégory Jarry se la posent à travers cette intrigue. Les scénaristes font débuter leur histoire dans un futur relativement lointain. Dans plus de 500 ans, la vie sur terre aura pratiquement disparu à cause de pluies acides particulièrement dévastatrices. Parmi les rescapés, on trouve une jeune fille, Agofia. Le lecteur la découvre en pleine action, équipée d’un masque à gaz et d’une combinaison légère. On ne comprend pas réellement ce qu’elle s’apprête à faire. Pour ne rien arranger, on la voit dialoguer avec une mère présente uniquement sous la forme de voix off. Tout ça dans un décor nocturne particulièrement angoissant. Si on nous explique rapidement ce qu’elle doit réaliser, on est tout de même assez largué. Heureusement, après un tiers de l’album, on assiste à un flash-back qui va éclairer nos lanternes. 500 ans plus tôt, on fait la rencontre de ses parents, scientifiques reconnus. Ils proposent une solution titanesque pour sortir la Terre de la spirale infernale de la pollution. Ce flashback, c’est donc l’occasion de nous expliquer la situation et de faire un parallèle avec notre époque. Loin de passer pour des farfelus, les parents d’Agofia semblent totalement cartésiens, avec un plan A et un alternatif plan B. Ce jeu d’aller-retour temporel va se prolonger jusqu’à la fin de l’album en distillant petit à petit les révélations et les petits ajustements. Pas de confusion entre les deux époques : le futur est sombre et bariolé alors que le passé est davantage pastel. Les bulles des voix off sont jaunes ou vertes. Par contre, les traits sont toujours vifs, extrêmement tendus. Les personnages, vivants comme à moitié morts, sont décharnés et osseux et correspondent parfaitement au contexte. N’oublions pas les clins d’œil. C’est ainsi que les exoterus ressemblent à des aquariums issus d’Abyss avec des pattes d’araignée tout droit sorties du Seigneur des anneaux. Le tout est complètement décalé et correspond parfaitement au fantastique de l’intrigue.
Mêlant écologie radicale et colonisation spatiale, anticipation et pure science-fiction, ce premier opus d’Avaler la lune est une ouverture des plus prometteuses.