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La forêt La forêt

Avaler la lune - Tome 2

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Nom de la série : Avaler la lune
Tome : 2
Titre du Tome: La forêt
Scénario : Robin COUSIN
Dessin : Lucie CASTEL
Couleur : Lucie CASTEL
Scénario : Grégory JARRY
Maison d'édition : Casterman

Parvenue sur la Lune, Agafia se trouve face à un dilemme. Pour sauver la Terre, elle doit mettre le générateur en marche au risque de détruire le dernier monde habité. Un monde qu’elle trouve magnifique ! Album de transition, ce deuxième opus nous force à nous interroger sans chercher à faire la morale. Une belle réussite !
 
Agafia est parvenue sur la Lune. Pourtant, le voyage ne s’est pas totalement déroulé comme prévu. Grièvement blessée, elle ne doit la vie qu’aux habitants de la Lune. En effet, les descendants des bâtisseurs du générateur se sont adaptés à ce milieu inhospitalier. Grâce à leur ingéniosité, ils ont maintenu un écosystème fragile qui assure leur survie. Pour cela, ils ont tout de même dû s’opposer assez violemment à Aleksander, toujours dans son exotérus. Tout doucement, Agafia se rapproche d’Edrigu et cela rend la situation encore plus cornélienne. Pour sauver la Terre, elle doit allumer le générateur, au risque de voir disparaître le dernier monde encore habité. Et puis elle doit penser à se soigner, même si cela l’oblige à prendre racine sur la Lune…
Notre époque est pleine de contradictions. D’un côté, les Français se sont prononcés massivement contre la loi Duplomb et pourtant l’écologie n’est toujours pas une priorité. Pire, outre-Atlantique, le pouvoir et certains gourous de la Silicon Valley promettent que la solution ne pourra venir que les Sciences. Les jusqu’au-boutistes affirment même que la seule solution serait l’exil interplanétaire. Partant de tous ces discours, Robin Cousin et Grégory Jarry imaginent une histoire mêlant anticipation, écologie radicale et conquête spatiale. Après un premier album d’ouverture qui faisait la part belle au passé grâce à de nombreux flashbacks, ce deuxième opus nous propulse à la fois sur la Lune et dans le temps présent d’Agafia. C’est pourtant par une analepse que s’ouvre cet album. Lâchés par les États, les scientifiques n'ont pas pu terminer leur dépollueur et ils sont contraints de passer au plan de secours. Dans ce cadre, Aleksander, Jonas et Paloma ainsi que quelques autres spécialistes entrent en hibernation au sein de leur exotérus. Mais d’Agafia, il n’en est pas question ! C’est alors qu’on se réveille dans la peau de cette même Agafia. Les scénaristes sont malins car ils laissent en suspend le passé de la jeune fille. Arrivée sur la Lune, elle est grièvement blessée. Elle ne doit la vie qu'aux habitants du satellite terrestre. Ce ne sont pas des sélénites mais bien les descendants des ouvriers. Pour survivre, ils se sont mis à manger de la nourriture produite sur place et, conformément à la théorie de Darwin, ils ont évolué jusqu’à ne plus faire qu’un avec la flore lunaire. Une grosse partie de l’album participe de la présentation de cet écosystème extrêmement fragile et qui est menacé par la mise en marche du générateur. Un choix tragique pour Agafia qui s’est rapproché d'Edrigu. Et puis, il y a le rebondissement final qui rebat les cartes et promet un ultime album en apothéose. Pour mettre cette histoire de science-fiction écologique radicale en images, il fallait une artiste forte et sensible. Lucie Castel opte pour un trait à la fois vif et géométrique tout en lui insufflant une bonne dose de d’émotions. Les personnages sont remarquables, mélange de caricatures et d’hyper-expressivité. Si dans l’espace, personne ne peut vous entendre crier, force est de constater que nos yeux se régalent avec l’écosystème imaginé pour la Lune. Les paysages sont variés et très chamarrés. Même si l’obscurité est de mise, les arrière-plans se parent de rose, d’orange, de pourpre très lumineux. C’est d’autant plus remarquable que cela n’interfère absolument pas avec le message des scénaristes. Mieux, cela renforce le malaise d’Agafia et, par ricochet, le nôtre.
Loin d’être moralisateur, Avaler la Lune est un excellent récit d’anticipation mêlant écologie radicale et conquête spatiale. Une trilogie, je m’avance sans grand risque pour la conclusion, qui questionne tout à chacun et qui montre que la solution ne peut être que collective et sociétale. Un récit envoûtant que je vous recommande.

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : boil

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