Nom de la série : Black Gospel
Scénario : Laurent-Frédéric Bollée
Dessin : Boris Beuzelin
Maison d'édition : Robinson
28 août 1983. Alors que les États-Unis s’apprêtent à célébrer le vingtième anniversaire du fameux discours « I have a dream » de Martin Luther King, deux jeunes stagiaires d’un cabinet d’avocats sont retrouvées sauvagement assassinées à Manhattan. LF Bollée et Boris Beuzelin nous livre un polar ambitieux et réussi !
Après avoir découvert les deux jeunes femmes assassinées, la police new-yorkaise est inquiète... En effet, la mise en scène macabre évoque un tueur en série célébrant l’anniversaire du discours de Martin Luther King à sa manière, cette date étant hautement symbolique...
L’enquête est confiée à l’inspecteur Jack Kovalski, flic désabusé, accompagné malgré lui par le jeune Jimmy Cheng lorsque l’enquête le mène à la capitale fédérale... De New York à Washington, en passant par Accra, au Ghana, les deux hommes vont plonger dans une affaire tentaculaire, qui mêle mémoire collective, conflits raciaux, blessures intimes et vérités enfouies. À travers cette traque éprouvante, c’est aussi l’histoire des États-Unis qui ressurgit, avec ses cicatrices toujours à vif.
Laurent-Frédéric Bollée livre ici un polar d’une noirceur implacable. Dès les premières pages, le lecteur connaît l’identité du meurtrier : l’intérêt se déplace alors du « qui ? » au « pourquoi ? » et surtout au « comment ? ». Cela permet ainsi de se concentrer sur la complexité psychologique des personnages, notamment le duo de flics avec Kovalski, le vieux briscard désabusé, raciste par réflexe plus que par conviction, et Jimmy, jeune inspecteur brillant mais encore trop tendre.
Le récit est construit de manière fragmentée, avec des allers-retours temporels entre les années 1960, 1983 et 2013, tissant une toile dense où chaque époque éclaire l’autre. Le passé colonial, les luttes pour les droits civiques, les désillusions des années Reagan et la mémoire toujours vive du rêve de Martin Luther King composent une fresque historique passionnante. L’ombre du révérend plane sur toute l’intrigue, mais jamais de manière convenue.
Le choix du noir et blanc s’impose d’emblée comme une évidence. Boris Beuzelin signe ici un travail graphique splendide ! Le trait du dessin permet de développer une atmosphère pesante correspondant totalement à cette enquête aussi compliquée que dangereuse...
Avec Black Gospel, Bollée et Beuzelin livrent un polar sombre et tendu ! Un récit coup-de-poing, au croisement du thriller, du roman noir et du drame historique. À découvrir !