Titre du Tome: Boitelle et le café des colonies
En Normandie, Antoine Boitelle est connu pour accepter les besognes les plus ingrates : il est « ordureux ». Sa spécialité : vider les égouts et autres fosses à fumier.
Alors qu’il attend son salaire dans le hall de la belle demeure de monsieur Auballe, il remarque un buste de femme africain. Surpris par son employeur, Boitelle se trouve contraint d’expliquer cet intérêt particulier. Etant jeune, il était soldat au Havre, et Le Havre, c’est un peu comme l’Afrique ; « y en avait aussi des Négres au Havre ». Face aux quais, se trouvait le café des colonies et le jeune Boitelle a, un jour, croisé le regard de la serveuse : le Coup de Foudre !
D’autant que la belle n’est pas insensible aux charmes du jeune soldat. Née alors une belle idylle. Chemin faisant, Antoine finit par demander la main de Norène. Il faut juste le consentement des parents Boitelle mais « y a peut être une chose qui pourrait (les) contrarier ».
Même si Norène vit à l’européenne, même si elle est bonne ménagère et qu’elle est économe, elle est noire !
Le scénariste Didier Quelle Guyot adapte une nouvelle de Maupassant. Le
café des colonies est une merveille d’amour, de tendresse et … de haine et d’incompréhension.
Boitelle reflète bien cette société rurale de la France du début de XIXe siècle. Les gens de la campagnes marient entre eux. « Une femme honnête a la peau blanche » et le regard des autres importe plus que l’amour et le bonheur. Cet état d’esprit se retrouve dans les dialogues d’une grande cruauté. Ils sont aussi durs à lire qu’à l’époque de Maupassant.
Méchanceté d’autant plus dure que le dessin de Sébastien Morice est tout en douceur. La complicité, l’amour du jeune couple transparaît à travers les planches. De plus, les ambiances et les couleurs sont le parfait reflet tant des quais, à la Dickens, du Havre que du bocage normand.
A noter qu’il s’agit de la première réalisation de Sébastien Morice, sortie en 2010, chez Petit à petit et qui ressort chez Grand Angle. On y remarquait déjà le talent prometteur de Morice ! Seule la narration a été quelque peu revue. Une nouvelle vient également clore l’album.
Un hymne à l’amour et à la tolérance que je vous recommande, pour adoucir les mœurs de notre monde d’individualisme forcené.