Titre du Tome: BREAKWATER
Le Breakwater est une institution à Brighton. Ce cinéma de quartier est connu par tous les habitants de la ville même s’il n’a plus son lustre d’antan. Cette salle est désormais presque vide mais reste en activité et dans cet ouvrage, on va suivre le quotidien de ses employés et notamment d’entre eux, Dan et Chris. Une belle surprise !
Tenu par un patron atypique, un vieil alcoolique solitaire et sympathique, le cinéma survit grâce à quelques spectateurs habitués. Les employés, quant à eux, gèrent le quotidien entre ménage, fermeture des locaux, service aux clients, parfois acariâtres et gestion des imprévus (souris, oiseaux ou autres invités indésirables…).
Chris, une jeune quarantenaire, travaille dans cet environnement depuis 20 ans. L’arrivée d’un nouveau salarié, Dan, va bouleverser son quotidien. Touché par le jeune homme, ils deviennent rapidement amis. D’ordinaire timide et casanière, le jeune homme la pousse à sortir de sa zone de confort en sortant et en osant avoir plus d’assurance notamment face aux clients pénibles. Il parvient même à la motiver afin qu’elle reprenne ses études afin d’obtenir le diplôme en travail social dont elle rêvait plus jeune. Bref, il l’incite à être elle-même !
Il faut dire que le jeune homme, la différence, il connaît ! Gay et d’origine asiatique, il doit surmonter des préjugés pour s’assumer pleinement. Pas forcément facile quand on est jeune et qu’on débarque dans une ville qu’on ne connaît pas et dans laquelle on ne connaît personne.
De cette rencontre et de ses différences va naître une très belle amitié. Au fil des semaines, nos deux personnages vont nouer une solide relation faites de sorties, de confidences, de vacances mais également de solidarité au travail et en dehors.
Malgré tout, Chris va rapidement se rendre compte que l’attitude de Dan est parfois surprenante voire limite. En voulant l’aider, elle va se retrouver confronter à l’inattendu : la maladie mentale. Voulant aider son ami, elle va devoir faire des compromis et même des choix…
Sélectionné parmi les 20 meilleurs ouvrages graphiques de 2020 par le New-York Times, Katriona Chapman a réalisé un véritable coup de maître pour son 2ème ouvrage (le premier traduit en France). En s’inspirant de sa propre expérience d’ouvreuse, Katriona Chapman nous permet de découvrir un cinéma art-déco qui est presque un personnage à part entière malgré sa décrépitude. La quasi-totalité de l’ouvrage a lieu dans celui-ci, en faisant presque une sorte de huis-clos.
Les thèmes évoqués comme l’amitié ou la maladie mentale sont aussi originaux que bien traitées par l’auteure. Son dessin en noir et blanc est également remarquable et donnent vraiment envie de découvrir ce cinéma et Brighton également. Les personnages créés sont aussi attachants que l’histoire qu’elle raconte.
Un très beau roman graphique à découvrir !