Nom de la série : Bug
Titre du Tome: Livre 4
Scénario : Enki Bilal
Dessin : Enki Bilal
Couleur : Enki Bilal
Maison d'édition : Casterman
Dans ce quatrième tome de la saga Bug, l’auteur poursuit son récit visionnaire sur un futur où la planète a basculé dans le chaos numérique. Depuis que toutes les données ont disparu, l’humanité tâtonne dans un monde sans mémoire, privé de repères, de savoir et de communication. Et seul un homme, si c’est encore bien un être humain, peut la sauver... Encore une masterclass d’Enki Bilal !
Alors qu’il est le seul à être revenu d’une mission sur Mars, Kameron Obb, astronaute, semble avoir conservé en lui la totalité des informations perdues : un homme devenu à la fois encyclopédie vivante et bombe à retardement. Pour une humanité en panne de mémoire, il devient l’homme le plus important au monde !
Traqué par des gouvernements, des sectes et des groupuscules, il a trouvé refuge sur l’île de Lampedusa. Mais l’équilibre d’Obb s’est délité : contaminé par le Bug, il ne sait plus distinguer le réel du délire. Une entité semble désormais s’être installée dans son esprit, brouillant les frontières entre divinité, technologie et folie. Ce livre 4 marque une bascule : le Bug devient conscience, et l’homme, son hôte impuissant.
Bug, Livre 4 n’est pas simplement une dystopie technologique, mais c’est aussi une réflexion sur la dépendance de l’homme à ses créations. Le scénario se densifie, plus introspectif, presque mystique. Kameron Obb n’est plus seulement un fugitif, il est une sorte de prophète malgré lui, possédé par une intelligence qui le dépasse.
Bilal mêle avec maestria les enjeux politiques, religieux et scientifiques dans un monde où tout vacille. On voyage de Lampedusa aux confins de Mars, on plonge dans des dialogues étranges qui traduisent la confusion mentale du héros. Le récit devient une sorte de miroir de notre époque : hyperconnectée, saturée d’images, mais vide de sens. C’est brillant, parfois déroutant mais toujours stimulant.
Visuellement, Bilal atteint une fois encore des sommets. Son style est immédiatement identifiable. Les teintes bleues, omniprésentes, ne sont plus seulement une signature graphique : elles deviennent le symbole du virus, du mal, de la perte d’humanité.
Les décors urbains sont aussi incroyables qu’angoissants : Bilal peint littéralement la fin d’un monde : un univers sans végétation, rongé par la pollution... Certaines planches, plus abstraites, rappellent des tableaux d’art contemporain !
Ce quatrième tome de Bug confirme une nouvelle fois l’immense talent d’Enki Bilal. À la fois peintre et conteur, il livre ici un avant-dernier tome plaisant qui nous permet de réfléchir sur notre rapport à la technologie et de façon générale à ce qui nous attend peut-être dans le futur si on ne se pose pas les bonnes questions aujourd’hui...