Nom de la série : C est où le plus loin d'ici
Tome : 1
Titre du Tome: Volume 1
Scénario : Matthew ROSENBERG
Dessin : Tyler BOSS
Couleur : Tyler BOSS
Maison d'édition : Casterman
Dans un monde postapocalyptique, seuls les ados sont encore en vie. Dans ce monde, ils luttent les uns contre les autres pour survivre et contrôler leur territoire. Dans cet univers de violence extrême, Sid disparait et toute sa bande part à sa recherche. Matthew Rosenberg et Tyler Boss nous livrent leur vision d’un avenir qui glace le sang !
Sid est fière ! Parmi les milliers de vinyles que compte la boutique, elle a enfin trouvé le sien ! Celui qui doit la définir, celui qui lui servira de guide, de Dieu. C’est à ce moment qu’on frappe à la porte et qu’on découvre que le magasin est un véritable bunker qui sert de refuge à une bande d’ados disparates. Parmi eux, Sid, bien évidemment, avec son ventre bien arrondi, mais également Prufrack, inquiet de devenir adulte, ou encore Alabama, qui endosse le rôle de chef. Derrière la porte, c’est Slug, un jeune qui avait mystérieusement disparus, et qui est dans un sale état. Mais avant de lui ouvrir la porte, il faut vérifier car, derrière, il y a aussi, et surtout, la violence et le chaos d’un monde qu’on imagine postapocalyptique où seuls les ados survivent. Peu de temps après, Sid disparaît et toute sa bande est contrainte de partir à sa recherche. Ils vont s’opposer aux autres groupes : la bande des cochons, celle de la fête foraine ou les gars en bleu. Plusieurs questions restent cependant en suspens. Comment en est-on arrivé là ? Qui sont ces étranges étrangers masqués ? Qui est-il arrivé à Sid ?
Quand on voit le pavé qu’est le premier tome de C’est où le plus loin ? on se demande dans quoi on se lance. D’autant que le genre postapocalyptique est aujourd’hui totalement éculé. Toutes les maisons d’édition ont leur série à la sauce Walking Dead, avec des nuances pour enfants, pour ados, pour bobo. Bref, le premier contact est un peu frais ! A la lecture des premières pages, pourtant, la température se réchauffe un peu. Pas de phase de présentation, Matthew Rosenberg nous transporte immédiatement dans cet univers totalement décalé. Qui sont ces adolescents ? Pourquoi sont-ils là ? Pourquoi sont-ils seuls ? Qu’est-il arrivé à l’humanité ? On comprend qu’on n’aura pas les réponses si ce n’est au fur et à mesure des pages. Et sans qu’on s’en rende compte, elles défilent avec une certaine légèreté. Il faut dire que le scénariste de Joker, l’homme qui cessa de rire opte pour un enchaînement ultrarapide de chapitres extrêmement courts. (Certains font seulement une page !) Cela permet à l’intrigue d’aller crescendo dans l’horreur. Attention, ce n’est pas à mettre dans toutes les mains et les plus jeunes pourraient bien vous faire payer cette lecture de quelques réveils nocturnes ! Pour surfer sur cette vague de frayeur, Casterman a prévu la sortie du tome 2 très prochainement et nous ne manquerons pas de vous en parler. Graphiquement, Tyler Boss laisse libre cours à son imagination sur fond d’underground. La mise en page autant que la mise en scène sont particulièrement travaillées afin de distiller un maximum de suspense. À la manière de Stanley Kubrick, le dessinateur nous fait focaliser sur certains éléments alors que d’autres, passés davantage sous silence, font monter la pression. Le travail de colorisation vient renforcer le suspense et compenser le relatif manque d’émotivité des personnages. À moins qu’il ne s’agisse d’une volonté d’artiste ? Après tout, dans ce monde, il n’y a peut-être plus aucune émotion.
C’est donc un premier tome explosif qu’on a envie de lire en écoutant les Sex pistols ou les Clashs en musique de fond, avant de découvrir la suite très prochainement.