Chronique "Le fantôme arménien"

Brigitte et Varoujan partent en voyage. Destination : la Turquie. Arrivés à l'aéroport Ataturk, un poste de contrôle ; ils s'angoissent. Pourtant le couple est français, marseillais même. Seulement, Varoujan est un membre actif du centre Aram, pour la préservation de la mémoire et de la culture arménienne. Il vient présenter une exposition photographique sur les survivants du génocide de 1915.


Nous accompagnons ses petits-enfants d'Arméniens sur les terres de leurs ancêtres. Nous découvrons les préjugés des membres de la diasporas, leur lecture de la politique turque actuelle. Et nous faisons des rencontres: de Diyarbakie à Istambul, de Dersim à Bogazdere, Varoujan quitte les photos et découvre ce qu'est d'être Arméniens dans la Turquie d'aujourd'hui. Qu'ils se cachent ou se revendiquent, qu'ils se soient chauffeur de taxi ou qu'ils s'occupent d'une église, qu'ils aient conservé leur culture ou soient islamisés, nombreux sont les descendants des victimes du génocide qui ont découvert récemment leurs racines; tout comme Varoujan qui part sur les traces de son grand père.


Le Fantôme Arménien est un album reportage qui réussit le tour de force d'aborder un sujet grave de façon très humaine. Le lecteur passe du rire aux larmes simplement en tournant la page. Varoujan part à la découverte des gens et ceux ci viennent à lui pour raconter leur histoire. Même des Turcs viennent demander pardon pour ce qu'ils ont fait subir aux Arméniens. L'évocation des massacres est rendue ont encore plus poignante grâce à l'utilisation d'images simples, souvent en bichromie. Le mélange des dessins et des photos permet de mieux juxtaposer narration et vérité historique.
Un album bien documenté qui nous renvoit à un devoir de mémoire; pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus. Rappelons que la Turquie ne reconnaît toujours pas le génocide, cent ans après !