Crénom Baudelaire – tome 1 Jeanne

Crénom Baudelaire – tome 1 Jeanne

Scénario / Dessin / Couleurs : Dominique et Tino GELLI
Éditions : Futuropolis
 

Dominique et Tino GELLI nous invitent à suivre avec brio les pas de Charles BAUDELAIRE, mais aussi ceux de Jean TEULÉ dans un XIXe siècle échevelé.
 

Ce premier tome portant le prénom de la « muse noire » de BAUDELAIRE, Jeanne DUVAL nous invite à remonter dans l’enfance et les années de formation du poète suite à une analepse où on le voit au crépuscule de sa vie avec sa mère Caroline AUPICK venue le chercher et le choyer une dernière fois. Cette mère qu’il a idolâtrée jusqu’à son remariage avec le Général Jacques AUPICK un an après son veuvage a été son premier chagrin d’amour.

Ses déceptions sont allées crescendo tant sa quête d’un idéal se heurtait à la médiocrité de la vie, et se sont heurtées à ses désirs tant BAUDELAIRE entretenait son anticonformisme comme à l’école où le brillant élève n’en était pas moins un dissipateur de première classe. Les auteurs nous entraînent ensuite sur le navire sur lequel il avait été contraint d’embarquer puisque son beau-père considérait qu’il fallait briser ce qu’il considérait comme de mauvaises fréquentations. Or, si BAUDELAIRE a souffert de son voyage, il a pu revenir en France plus tôt qu’escompté et y a puisé son goût pour l’exotisme.

Le retour en France lui fera connaître d’ailleurs pour une courte période la joie de pouvoir se livrer à son culte du Beau lorsqu’il accédera à l’héritage paternel et à la noirceur de son spleen. L’aspirant poète BAUDELAIRE expérimentera ainsi les paradis artificiels et la débauche notamment avec Jeanne, actrice, dont il devinera et révélera « tout le monde lointain » qu’elle contient. Ses « fleurs du mal » seront alors déjà personnelles avant de s’exprimer poétiquement : il contractera la syphilis et fera taire ses douleurs à l’opium jusqu’à dériver plus encore dans une mélancolie que sa mise sous tutelle, due à ses dépenses mirobolantes, exacerbera.

C’est TEULÉ qui a instigué l’adaptation de son œuvre publiée sous forme romanesque en 2020, année où Dominique GELLI avait déjà adapté une autre œuvre de TEULÉ, Mangez-le si vous voulez. Ce premier tome s’applique à faire revivre le poète maudit BAUDELAIRE, tiraillé entre son idéal de Beauté et son spleen conforté par un mode de vie qui déroge à son dandysme et ses différents paradis artificiels. Par un scénario où la verve gouailleuse de BAUDELAIRE et TEULÉ s’exprime, les GELLI nous embarquent dans un XIXe siècle riche de promesses et de déceptions où l’on croise de grands artistes comme NADAR. Les planches sont d’un esthétisme remarquable et retranscrivent sur plusieurs d’entre elles des poèmes de BAUDELAIRE.
GELLI père et fils ont rendu ici un hommage puissant à BAUDELAIRE et émouvant à TEULÉ mort l’an passé. C’est avec impatience que le lectorat attendra le deuxième tome.


Lydie et Nicolas

Nicolas
Chroniqueur
La Bande Du 9