Crénom Baudelaire - Tome 2 Les Fleurs du mal

Nom de la série : Crénom Baudelaire
Tome : 2 Les Fleurs du mal
Scénario : Dominique GELLI d'après le roman de Jean TEULE
Dessin : Tino GELLI
Couleur : Tino GELLI
Maison d'édtion : Futuropolis

On retrouve le poète maudit accompagné de sa muse Jeanne DUVAL quand bien même les tensions au sein du couple s’exacerbent en même temps que la syphilis s’étend dans leurs corps. Charles BAUDELAIRE continue ainsi de tirer le diable par la queue en trouvant des subterfuges pour échapper à ses créanciers, et en ponctionnant sa mère pour s’acheter de l’opium et du laudanum. L’écriture de ses poèmes, elle, s’épuise sous la quête de la perfection formelle malgré le soutien de son éditeur Auguste POULET-MALASSIS qui doit convaincre son beau-frère et co-éditeur Eugène de BROISE de suivre l’énergumène qui peut arriver accompagné d’un mouton rose en laisse avec les cheveux couleur absinthe avant de revenir entièrement rasé.
Ses excentricités et son désir de ne pas suivre la foule nous conduisent ensuite à nous rapprocher de ses contemporains, de sa muse cachée, Apollonie de SABATIER découverte par le marbre d’Auguste CLÉSINGER avant d’être fréquentée dans le salon qu’elle tient toutes les semaines, à d’autres artistes comme les perfides frères GONCOURT, Alfred de MUSSET, Gérard de NERVAL, Gustave FLAUBERT, NADAR et ses amis Charles ASSELINEAU ou Gustave COURBET auquel il fait peindre puis effacer à deux reprises sa muse Jeanne DUVAL dans L’Atelier du peintre au gré de ses problèmes conjugaux.

L’humour de Jean TEULÉ est aussi présent comme avec l’esprit très pointilleux de BAUDELAIRE qui mettra des mois à signer le bon à tirer tant il se montrera tatillon avec les corrections, d’un /f/ italique trop penché à un /d/ pas assez à son goût. D’ailleurs, ces annotations manuscrites authentiques du poète sont insérées telles quelles au sein des planches.
Ce nouveau tome est en outre l’occasion de suivre les soubresauts historiques comme le coup d’État de NAPOLÉON III ou les travaux décriés d’HAUSSMANN tout en (re)découvrant les critiques choquées du Figaro « Toutes ces horreurs de charnier » et le conformisme bourgeois honni par le poète qui lui vaudra une condamnation à la suite du procès diligenté par le procureur impérial Ernest PINARD. L’intertextualité est par ailleurs très présente avec les citations extraites des Fleurs du mal ou des Petits poèmes en prose comme l’insulte de sa muse « marchand de nuages » qu’il reprendra dans « La soupe et les nuages », ou les scènes inspirées de poèmes comme celle où il imagine tirer sur Jeanne DUVAL pour réussir son coup et qui est issue du « Galant tireur ».
Ainsi, on retrouve avec plaisir la langue de Jean TEULÉ, dédicataire du volume, dont la truculence dépeint avec noirceur mais sympathie le dandy BAUDELAIRE. On pourra toutefois regretter que la genèse ait si massivement écrasé le procès pourtant aussi révélateur de l’esthétique baudelairienne et de toute une époque même si les belles illustrations des poèmes de Tino GELLI proposent une vision sublimée de la quête oxymorique de la beauté du mal.

Et c’est avec une grande impatience que le lectorat attendra le tome trois de cette enthousiasmante série.