Nom de la série : Em silencio
Scénario : Adeline Casier
Dessin : Adeline Casier
Maison d'édtion : La Boite à Bulles
Cette bande-dessinée nous invite à suivre le parcours de João, représentant des Portugais·es qui ont fui leur pays durant la dictature salazariste.
Adeline CASIER nous livre son histoire familiale à travers la figure de son grand-père, João, qui, après avoir perdu son emploi et vu son frère embarqué par la PIDE - la police politique au service d’António de OLIVEIRA SALAZAR - décide de partir en FRANCE. Cette dernière est effectivement perçue comme un eldorado où le travail ne manque pas. Comme près de 10 % de la population lusitanienne qui a fui la misère économique et l’oppression salazariste, João doit donc effectuer le salto, le saut émigratoire, et laisser pour quelques années son épouse Rosinda et leurs filles. Pour ce faire, il devra avec ses compagnons d’infortune rejoindre la frontière française au fil des étapes que leur feront suivre les différents passeurs em silêncio « en silence » pour ne pas être repérés par la Guardia Civil. Cette épopée leur fera connaître des moments de camaraderie, mais aussi de malheurs avant de découvrir les bidonvilles français dans lesquels João et ses compatriotes devront vivre avant d’obtenir une carte de séjour.
Ce premier album est touchant car il narre le périple qu’ont vécu toutes les personnes qui ont voulu échapper à la dictature et la misère. Si cette histoire peut paraître désormais lointaine, elle est toujours vivace dans les mémoires des Portugais·es et de leurs descendant·e·s, et est toujours malheureusement d’actualité pour de nombreux·ses émigrant·e·s. Le choix esthétique du crayon graphite offre des planches en noir et blanc qui ne rendent certes pas compte des paysages ensoleillés du PORTUGAL et de l’ESPAGNE, mais permettent de se focaliser sur le trait d’Adeline CASIER et son scénario dont le titre a été trouvé par sa grand-mère. On apprécie également la postface de l’historien Victor PEREIRA expliquant le Salto pour mieux comprendre le contexte portugais de l’époque. L’album livré par Adeline CASIER ne manquera de faire plaisir à son grand-père âgé de 87 ans qui habite toujours dans la maison dans le nord de la FRANCE que la photographie en fin d’ouvrage montre.
Il ne fait nul doute qu’il faudra suivre Adeline CASIER tant dans ses projets individuels que collectifs animés avec l’atelier-galerie qu’elle a cofondé, le Tréteau.