Nom de la série : Epouvantail
Scénario : Philippe Pelaez
Dessin : Stéphane Sénégas
Maison d'édtion : Dargaud
Dans une ferme isolée, Lily, petite fille au caractère bien trempé, vit entre son père et sa belle-mère, entourée de ses animaux et de ses paysages familiers. Mais son quotidien bascule lorsque l’épouvantail posté en haut du champ se met un jour… à lui parler ! Un polar fantastique très réussi !
Lily aime vivre à la ferme et profiter de ses animaux mais tout n’est pas rose dans sa vie. Sa maman a disparue et la petite fille n’apprécie pas vraiment sa belle-mère... Alors elle trouve souvent refuge auprès d’un épouvantail que sa mère avait fabriquée. Mais lorsque celui-ci commence à lui parler, elle se rend vite compte qu’il est loin d’être un ami réconfortant car il se montre vulgaire, cynique et très désagréable !
Pourtant, il détient un secret : il a été le témoin d’un tragique accident de voiture sur la route voisine, un événement qui ravive les blessures du passé pour Lily et son père, déjà marqués par la disparition de la mère de la fillette. Alors que l’enquête se déploie, les cauchemars hantent les protagonistes, faisant glisser leur réalité dans une inquiétante dimension fantastique.
Philippe Pelaez livre ici un scénario magistral avec un suspense savamment dosé. Loin d’une simple enquête, l’histoire explore les thèmes de la perte, du deuil, des secrets enfouis et des liens familiaux fragiles. L’épouvantail devient à la fois un personnage-clé, un témoin, et une figure cathartique, dont la présence amplifie l’ambiance oppressante. Le récit est construit comme un excellent polar : indices distillés avec soin, tension croissante, révélations maîtrisées. Mais au-delà de l’intrigue policière, c’est aussi un conte fantastique, où les cauchemars des personnages semblent peu à peu coloniser la réalité. La petite Lily, avec sa ténacité, son franc-parler et sa vulnérabilité dissimulée, s’impose comme un personnage profondément attachant : on suit son cheminement, ses doutes, ses découvertes avec une empathie grandissante.
Le trait de Stéphane Sénégas sublime cette histoire. Le choix du noir et blanc n’est pas simplement esthétique : il participe à créer une ambiance lourde et mystérieuse, où chaque contraste accentue l’impression d’étrangeté. L’univers graphique évoque inévitablement celui d’un Tim Burton, avec ses silhouettes, ses décors légèrement déformés, ses jeux de clair-obscur. Mais l’illustrateur y ajoute sa propre patte. Les visages sont expressifs, les paysages magnifiques, et l’épouvantail, figure de paille et de bois, devient presque vivant sous nos yeux. Les pages sont à la fois splendides et oppressantes, renforçant l’immersion du lecteur dans cette histoire hors du commun.
« Épouvantail » est une pépite, qui réussit le pari de mêler polar haletant, drame intime et conte fantastique inquiétant ! Le tout porté par des dessins de toute beauté ! Une lecture que je recommande, tant pour l’intensité de son récit que pour la puissance de son univers graphique ! Une véritable réussite !