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Pineda Pineda
Et soudain le futur Et soudain le futur

Et soudain le futur

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Nom de la série : Et soudain le futur
Scénario : Mathieu BURNIAT
Dessin : Dominique MERMOUX
Couleur : Dominique MERMOUX
Maison d'édtion : Rue de Sèvres

Contraint par l’opinion publique, le président de la république lance une expérimentation : toute l’ile de la cité et ses habitants vont devoir vivre sur le modèle de la décroissance. Pour la dernière arrivée, Mila Weber, c’est une révélation. Bien que légèrement professoral, cet album est un excellent ouvrage de vulgarisation et, à l’heure où le changement climatique devient perceptible par tous, il devrait être indispensable de le lire.
 
Dans un futur proche, l’environnement est la préoccupation principale des Français. Pour le jeune Léo Lambert, apprenti tiktokeur, c’est l’occasion de faire des petites vidéos explicatives des bases de la décroissance. Vidéos qui deviennent virales avec 50 millions de vues, vidéos qui remontent jusqu’à l’Élysée. C’est le Président lui-même qui imagine alors une expérimentation :  l’île de la cité et ses habitants vont se couper du monde pendant six ans afin de tenter de vivre en autonomie. Pour ne pas fausser l’expérience, les médias n’ont pas accès à cette micro société. Seul un illustrateur de bande dessinée a intégré la communauté pour y réaliser un reportage. Le problème, c’est qu’après presque six années, il est toujours au point mort. Il réussit donc à faire entrer une nouvelle « volontaire », Mila Weber. Pour cette prisonnière en fin de peine, cette aventure constitue surtout une libération anticipée. Pourtant, à peine arrivée sur l’île, elle cherche à comprendre les tenants et les aboutissants. Elle fréquente toutes les mouvances, questionne et s'interroge. Elle participe aussi ! Toujours suivi par Carl Mermot, qui veut en faire son héroïne, elle devient le nouveau responsable de la communauté, le Mandaté, choisi par tirage au sort. Mais lorsqu’une cyberattaque fait vaciller toute l’économie mondiale, l’heure n’est plus aux expériences mais bien à la généralisation du modèle…
À l’heure où le Parlement français est englué dans les débats sur la loi Duplomb, on ne sait plus très bien à quoi doit ressembler l’écologie. D’après les sondages, la protection de l’environnement reste un sujet prioritaire, au moins pour les jeunes. Et c’est donc sur une vidéo Tiktok du jeune Léo Lambert que s’ouvre cet album. Cette vidéo devenue virale est le point de départ de cette dystopie. Contraint par la vindicte populaire, le président décide de tenter une expérimentation : toute l’île de la cité va se convertir à la décroissance et, si à la fin de l’expérimentation, cela fonctionne bien, tout le pays changera de paradigme. Sauf que Mathieu Burniat insère immédiatement une immense ellipse et il nous propulse presque à la fin de l’expérience. Sous la pression du seul journaliste habilité à couvrir le test, en réalité un dessinateur de bande dessinée (une jolie mise en abyme), une nouvelle participante est intégrée sur l’île. Détenue en fin de peine, elle doit apporter un regard neuf et être l’élément déclencheur du futur album. Candide, elle va être accueillie par le chef de la communauté, le mandaté, et elle va visiter les installations. Guidée par Carl Mermot, l’Illustrateur, elle va dialoguer avec tous les groupes et comprendre les difficultés. Si l’album a parfois un ton un peu professoral et descendant, c’est surtout une longue description de solutions proposées et des différents débats qui agitent ce microcosme. Chaque rencontre devient alors l’occasion d’échanges, parfois houleux, et dans tous les camps et le lecteur a, presque, tout le loisir de choisir le sien. Beaucoup de dialogues, des décors connus mais qui ont besoin d’être réinventés, mettre cette longue description en images constitue un sacré challenge et Dominique Mermoux s’en sort admirablement bien. Les personnages sont attachants, même si on adore en détester certains. Surtout, ils ne cachent rien de leurs difficultés et autres vagues à l’âme. Afin de rendre dynamique les échanges explicatifs, le dessinateur change de style : il efface les cases et nous invite à suivre la pensée de l’interlocuteur, apportant ainsi une touche de ludique. Et puis ce qui marque surtout à certains moments, c’est le choix de la colorisation. Ainsi, cette simple canette de Coca d’un rouge vif devient un élément dangereux mais surtout un vecteur de publicité criard dans cet univers plus terne.
Et soudain, le futur constitue donc un excellent ouvrage de vulgarisation qui dresse un état des lieux préoccupant mais surtout qui détaille les alternatives à l’immobilisme ambiant et qui déconstruit une partie des clichés. Un album qui laisse le lecteur réfléchir en toute connaissance de cause.

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : boil

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