Nom de la série : FAN MAN
Tome : 1
Titre du Tome: L'homme au ventilo
Scénario : Gaet's
Dessin : Julien Monier
Couleur : Julien Monier
Maison d'édition : Petit à Petit
Horse Badorties ne voit et ne vit pas la vie comme nous. Lourd défit pour Gaet’s et Monier de retranscrire le quotidien hippies, beatnik des années 70. Un bon moment de lâcher prise.
L’appartement ou plutôt la turne comme l’appelle Horse Badorties est en réalité une décharge où s’amassent ordures, objets divers et variés au point que ce syllogomaniaque compulsif n’arrive pas à retrouver son lavabo ou son fauteuil dans tout ce foutoir. La situation est tellement catastrophique que pour s’habiller, il fait avec ce qu’il trouve. Une chemise avec une manche, un serpent en plastique en guise de cravate et une rallonge électrique pour la ceinture. Peu importe, Horse est heureux comme ça et sa turne n’est pas sa préoccupation principale. Pour le moment, c’est pétard ou grailler mais surtout se recoucher en se laissant bercer par le doux son de son ventilo japonais à pile. A son réveil, Horse se sent d’humeur à sortir pour aller à la rencontre de poulettes. Chapka sur la tête, pardessus, claquette à un pied, basket à l’autre, magnétophone, micro sous le bras et ventilo dans le sac, Horse est prêt pour l’aventure de monter une chorale de l’amour à l’église St Nancy où tout le monde chantera dans des ventilateurs.
Cet album complètement barré est une adaptation d’un livre de l’auteur américain William Kotzwinkle qui décrit la vie déjantée d’un hippie limite clochard dans les années 70, rythmée par la drogue et les lubies au point de vouloir monter un concert de charité mais pas tout à fait comme les autres. Cette petite recherche m’a permis de comprendre que le magistral scénariste Gaet’s n’était pas tombé dans la folie avec la création de ce personnage et surtout la réalisation de ce récit auquel je continue encore aujourd’hui à chercher un sens.
Mais bon, a-t-on besoin de chercher un sens, une analyse à chaque lecture ? En tout cas, ici, on a la réponse, il faut se laisser porter par l’histoire ou plutôt par la déambulation du personnage à travers les planches et les rues de New York sans chercher à comprendre. Le lecteur est ainsi embarqué à la fois dans une balade à travers le quartier chinois, le métro, une casse auto où Horse va acheter un bus scolaire, dans des rencontres amoureuses improbables, le tout saupoudré d’un humour 10ème degré.
C’est bien sûr le compère de Gaet’s qui assure le dessin. Julien Monier est largement à la hauteur de ce qu’il nous a proposé pendant des années sur la série RIP avec le même style de dessin, très caricatural, très détaillé et cela va bien avec la vie extravagante de Horse, mais avec une mise en couleur plus années 70 forcément.
Même si ce livre n’est pas l’album de l’année, il permet de passer un bon moment loin de la vie anxiogène et surtout de montrer que les auteurs de RIP sont des auteurs sur lesquels il va falloir compter dans les années à venir.