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Fastnet 1979 Fastnet 1979

Fastnet 1979

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Nom de la série : Fastnet 1979
Scénario : Stéphane MELCHIOR
Dessin : Renaud GARRETA
Couleur : Renaud GARRETA
Maison d'édtion : Delcourt

Parmi les courses en mer, la Fastnet 1979 a une place à part. Il faut dire que ce que les navigateurs ont eut à affronter était monstrueux ! Avec beaucoup de pédagogie mais aussi beaucoup de rythme, Stéphane Melchior et Renaud Garreta nous racontent ce qu’ils ont vécu.
 
Dans la voiture qui mène la famille au port de Sutton Harbour, c’est la guerre. Francis doit participer à la Fastnet, une course au large. Seulement, son épouse Madeleine a rêvé de son décès pendant la régate et elle a réussi à convaincre le père de Charly d’abandonner ses équipiers. Malheureusement, avec la jambe dans le plâtre de Sam, ils se retrouvent à deux : Maggie et Terry et c’est trop peu pour faire la course. Finalement, Francis embarque, contre l’avis de son épouse et le bateau, le Banana, vogue vers la ligne de départ. Ils sont d’ailleurs 336 au départ de cette Fastnet 1979, répartis en six catégories, des plus grands ou plus petits. Ce sont d’ailleurs eux les premiers partis, normalement pour 6 jours de navigation. Si les deux premiers jours se déroulent sans heurts, la météo prévoit un coup de vent pour la nuit. Ce que les navigateurs vont devoir affronter est pourtant d’un tout autre niveau. Madeleine aurait-elle eu raison de d’insister ?
Si vous êtes comme moi, la rare course à la voile que vous connaissez est la Route du Rhum car elle a un impact sur le festival bande dessinée de Saint-Malo. Ok, j’en rajoute un peu car il est impossible de ne pas connaître le Vendée Globe ou la Coupe de l’America ! Il existe pourtant plein d’autres régates que seuls les marins connaissent. Parmi elles, la Fastnet a une place un peu à part car elle clôt la saison outre-Manche. Comment je le sais ? Tout simplement parce que Stéphane Melchior, le scénariste, le précise dans les premières pages. Pourtant, l’album s’ouvre sur une scène cauchemardesque : un marin à l’eau en pleine tempête avec un ciel constellé de fusées de détresse. Ce marin, on le découvre dès la page suivante. Il s’agit de Francis. À quelques heures du départ, il se dirige en famille vers le port. Sauf qu’il a promis à son épouse, qui a fait un vilain rêve, de ne pas participer. Seulement, un coup du sort va en décider autrement et on voit immédiatement le drame se profiler. Pourtant, la première moitié de l’album nous retrace l’essentielle de la course. Il y a bien quelques changements de focalisation mais on assiste plutôt à un reportage journalistique : une histoire de la course, les spécificités des bateaux et des catégories, quelques gros plan sur certains équipages... Ce qui pourrait être un fastidieux article encyclopédique devient en réalité une présentation complète et dynamique. Bien sûr, les non-initiés, dont je fais partie, seront largués face à de nombreux termes techniques. Largués mais pas noyés ! car ils ne sont pas indispensables à la lecture. Et puis, le scénariste distille doucement une double pression. Il y a celle de la course bien sûr, mais surtout celle de la tempête car on sait ce qu’il va arriver. On est cependant loin d’imaginer ce que ce petit bout de Manche va faire subir aux navigateurs. Fort logiquement, Renaud Garreta fait le choix d’un traitement réaliste du dessin. Les premières pages sont marquées par un travail sur les visages, les regards et les expressions avec des teintes vives. On replonge avec délectation à la césure des années 70 et 80. Et puis la course se lance et les couleurs se fadent. Elles laissent place à de multiples nuances de bleu (pour la mer) et de blanc (pour les nuages mais aussi pour l’écume). Le trait se fait doucement plus vif et dynamique, mêlant à merveille le fond et la forme. Deux instants viennent alors en exergue, deux pleines pages pour démontrer la rage dévastatrice de Dame Nature. Il y a celle d’un monstrueux Neptune dominant un frêle esquif et celle de Madeleine effondrée face au spectacle des fusées de détresse. Le tout est extrêmement efficace et permet aux lecteurs de voyager, de naviguer et de prendre un grand shoot de d’iode sans quitter son canapé.
Amateurs de voile ou simples curieux, je vous encourage à découvrir ce Fastnet 1979 , un récit d'Homme et de marins mais surtout une expérience incroyable qui vous marquera aussi durablement que ceux qui l'ont vécu.

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : boil

Nombre de chroniques publiées : 88