FATHERLAND Une histoire de famille

Nom de la série : FATHERLAND Une histoire de famille
Scénario : Nina BUNJEVAC
Dessin : Nina BUNJEVAC
Couleur : Nina BUNJEVAC
Maison d'édtion : Gallimard

Dans FATHERLAND, Nina BUNJEVAC évoque le passé de sa famille autour d’un portrait de son père, un nationaliste Serbe exilé au Canada.

À Toronto, en 2012, Nina BUNJEVAC reçoit la visite de sa mère Sally dans son appartement. C’est le moment choisi par l’autrice pour tenter d’en savoir davantage sur son histoire. Elle va alors s’appuyer sur une photographie de la maison familiale de son enfance pour faire ressurgir les souvenirs maternels enfouis depuis plus de trois décennies. Par le jeu d’une analepse, le lecteur se trouve ensuite projeté à Welland dans l’Ontario en septembre 1975. Avec son frère et sa sœur, Nina évolue dans une famille énigmatique où la mère protège tous les soirs la fenêtre de leur chambre avec une armoire, et où le père Peter mène une vie secrète avec d’étranges virées nocturnes. Et quand la mère de Nina entend à la radio qu’une bombe a explosé dans un foyer croate du quartier, elle met en place un « plan B » : sous prétexte de rendre visite à sa famille en Yougoslavie dans le cadre de vacances, Sally quitte son mari. Cependant, Peter refuse de laisser son fils car il craint qu’il ne soit contaminé par « la propagande communiste ». C’est alors avec ses deux filles que Sally va vivre à Zemun chez ses parents qui détestent Peter. Deux années plus tard, elle reçoit un télégramme lui apprenant que son mari est mort suite à une explosion dans un garage.

Dans ce roman graphique, Nina BUNJEVAC retrace l’histoire mouvementée de sa famille et celle de son père en particulier. Les indices pour comprendre l’original et douloureux parcours paternel vont être distillés au fil des pages comme si le lecteur les apprenait au même rythme que l’autrice. L’itinéraire de Peter BUNJEVAC est directement lié à l’histoire de la Yougoslavie sur fond de tensions nationalistes entre Serbes et Croates ; c’est ce que découvrira le lecteur dans la seconde partie de l’ouvrage. Le témoignage est ici touchant car franc et sans jugement, et il est porté par un dessin en noir et blanc d’une grande virtuosité correspondant à la gravité et la tension inhérentes à l’histoire. On retrouve également des originalités de mise en page comme lorsqu’un appareil photo devient un acteur de l’histoire en pleine page avec ses photographies qui suivent selon la même présentation.

Cet ouvrage, par sa sincérité et son intelligence narrative, offre un bon moment de lecture.