Gaby

Mondaine entretenue, Gaby se réveille un jour totalement fauchée. C’est alors qu’un intriguant lui propose de séduire un scientifique, peu porté sur la chose, et d’empocher l’héritage à venir.
Quand Molière, Dumas et Guitry rencontre Pagnol, cela fait du bruit !
 
Gaby a toujours vécu dans le luxe et l’oisiveté. Mais, depuis quelques temps, les rumeurs vont bon train. Depuis le décès de son dernier « bienfaiteur », Firmin, banquier véreux, tout le gratin pense qu’elle est ruinée. Cette rumeur est d’ailleurs abondée par le fait que Gaby ne porte plus ses bijoux. Elle a beau affirmer qu’ils sont chez Cartier pour remontage complet, elle convainc de moins en moins. Au moins, elle se persuade elle-même ! Et puis, un jour, son père lui présente l’intriguant Oscar Vernis. Ce dernier n’y va pas par quatre chemins : Gaby est ruinée et le principal fautif n’est autre que son père. Mais Vernis n’est pas porteur que de mauvaises nouvelles. Il vient proposer une affaire pour remettre Gaby à flot. Il a appris par hasard qu’un scientifique, Ferdinand Garnier, est l’unique héritier d’un oncle sud-américain immensément riche. Peu porté sur les choses de la vie, l’intriguant compte sur la belle pour le charmer, l’épouser et prendre le contrôle de la fortune. En contrepartie, Vernis touchera 20%. Si l’affaire est rapidement dans le sac, le pigeon est plus coriace que prévu et Gaby doit redoubler d’efforts pour le séduire. Dans le même temps, de l’autre côté de l’Atlantique, la décision de justice concernant l’héritage se précise. La belle réussira elle à retrouver le luxe auquel elle est habituée ou succombera-t-elle aux charmes de son prince pas tout à fait charmant ?
 
Il y a quelques semaines de cela, la Provence rendait hommage à celui qui l’a immortalisée comme personne, Marcel Pagnol. Si la ville de Marseille a quelque peu été critiquée pour son manque d’initiative, la bande dessinée est, elle, pleinement impliquée ! Chez Grand Angle, les adaptations s’enchaînent déjà depuis quelques un certain temps. Et c’est au tour de Michel Lafon de dégainer !  La différence ? Ce Gaby est une œuvre inédite et quelque peu oubliée. Entre les deux styles, difficile de ne pas faire une comparaison. Première différence, de taille, cette Gaby est totalement inconnue du public. On l’a dit, cette œuvre étant inédite, personne ne l’a jouée ou vue. Impossible donc de se l’imaginer ! Mais impossible aussi d’avoir ce sentiment de familiarité. On pourrait aussi trouver une quelconque difficulté dans les règles théâtrales mais le 9e art s’y adapte plutôt facilement. Le principal écueil de cette adaptation tient dans la volonté de la scénariste de respecter au maximum les répliques. Bien sûr, cela colle parfaitement au texte, mais cela alourdit la lecture et ralentit le rythme. C’est d’autant plus dommageable que le scénario est plutôt bien construit. Après une exposition précise, on entre dans une intrigue mélangeant comédies classique et de boulevard, Molière et Guitry, en passant par Alexandre Dumas. Une courtisane fauchée se voit proposer une affaire en or : épouser un riche héritier qui s’ignore et toucher le pactole !  Va-t-elle réussir ? Ne risque elle pas de se brûler les ailes? Le timing sera-t- il respecté et le pigeon ne va-t-il pas se réveiller avant les noces ? Autant de questions, autant de péripéties. Côté dessin, Luc Brahy met l’élégance de son trait au service de cette mondaine. Les intérieurs respirent l’opulence et l’oisiveté. Les personnages ne manquent pas de charme et les caractères sont tout à fait perceptibles. La mise en scène et les angles de vue restent assez simples mais en totale adéquation avec le style théâtral. Les conversations s’effectuent de manière linéaire, le plus souvent sur un plan unique. L’ensemble reste toutefois assez dynamique et agréable à lire.
 
 Adapté avec beaucoup de justesse, ce Gaby ravira tous les amoureux du gamin d’Aubagne.