Titre du Tome: Gatsby le magnifique
Au milieu des années 20, Jay Gatsby attire la lumière avec des fêtes somptueuses. Mais la seule qui compte à ses yeux, c’est Daisy qui, malheureusement, est déjà mariée à un millionnaire.Incontournable de la littérature et du cinéma, Gatsby le magnifique trouve un nouveau terrain d’expression à travers le 9e art ! Une belle réussite!
Lorsque Nick Carraway s’accoude au bar, il n'a plus le cœur à la fête. Il plonge irrémédiablement dans la nostalgie. Quelques mots auparavant, il a quitté son Midwest natal pour faire fortune dans la finance New York. Par hasard, il a trouvé à louer une bicoque à Long Island, dans West Egg. Cette minuscule demeure
est éclipsée par les énormes et luxueuses villas. De là, il a une vue magnifique sur East Egg et la demeure de Tom et Daisy. Daisy est la cousine germaine de Nick et Tom est issu de la même promo de Yale. C'est donc tout naturellement que Nick est invité à East Egg. Il découvre un couple certes beau et fortuné mais surtout marqué par l'ennui. Il fait également la rencontre de Jordan Backer, joueuse de golf professionnelle. Entre elle et Nick, le courant passe rapidement. C'est alors qu'elle lui demande s'il connaît Gatsby. Il ne s'agit rien de moins que du voisin de Nick. Un voisin qui donne fréquemment des réceptions fastueuses où se presse tout le gratin de New York. Un voisin énigmatique à la réputation sulfureuse. Un voisin que Nick rêve de rencontrer. Alors, lorsqu'il reçoit une invitation, il saute sur l'occasion. Il est loin d'imaginer que l'invitation va changer bien des vies…
Quand on évoque le nom de Gatsby, il est difficile de ne pas lui donner les traits de Leonardo Di Caprio tant le film de Baz Luhrmann a marqué les esprits. Il s'agit pourtant une adaptation qui, bien que respectant l'âme du roman, s’en éloigne tout de même. Il faut dire que l'œuvre de F Scott Fitzgerald est un monument, classé à la deuxième place des 100 meilleurs romans de langue anglaise du XXe siècle par la Modern Library. Et bien, des artistes américains ont décidé de l'adapter en bande dessinée dans le plus grand respect de l'œuvre originale. Pari réussi ! Dès les premières pages, on comprend qu'on va avoir affaire à des récits enchâssés. C'est particulièrement casse-gueule mais scénariste comme dessinateur s’en tirent à merveille, créant des atmosphères très différentes. Par la
suite, l'album raconte l’été mouvementé de Nick, ses rencontres avec Jordan Baker et surtout avec Jay Gatsby. Collant au roman, cela donne une histoire extrêmement dense. Le dessin remplit parfaitement son rôle, et heureusement, car les dialogues et la narration (les pensées de Nick) sont très présentes. De toute façon, personne n'imaginait pouvoir adapter ce monument littéraire en 54 pages. Le récit est organisé en plusieurs chapitres ; chacun remplit parfaitement sa mission : les ellipses sont alors totalement compréhensibles. En revanche, il y en a dans le récit qui restent beaucoup plus énigmatiques et on se surprend à vérifier si, involontairement, on n’a pas passé une page. Mais dans l'ensemble, le rythme est aussi agréable qu'une fête des années folles. C'est également la présentation de cette époque révolue : le bling-bling, l'insouciance retrouvée après la der des ders ; tout ce qui va s'écrouler avec le Jeudi Noir de 1929. En ce sens,
Gatsby est autant une biographie d'un riche New Yorkais qu'un portrait de la bonne société. C'est d'ailleurs là-dessus que s’attarde Jorge Coelho. Le dessinateur nous enthousiasme de ses décors intérieurs lumineux et féeriques. Mais il n'en oublie pas l'autre côté de la société avec une représentation de plus sombre et crasseuse des gens modestes. La mise en page est extrêmement dynamique, jouant avec les bords de cases, les grandes vignettes et les inserts. C'est bien simple, c'est aussi spectaculaire que les fêtes de Gatsby.
Incontournable de la littérature anglophone et du cinéma,
Gatsby a désormais son alter ego dans le 9e art.