Green Valley

Les Chevaliers de Kélodie sont les plus grands, les plus braves et les plus puissants de leur contrée. Si leur réputation les précède, la horde de Brutus Gargus de Pendergest semble ne pas l'avoir entendue. À 100 contre 1, le seigneur barbare est sûr de sa victoire! Il est pourtant bien mal inspiré et même s'il annonce sa vengeance, il perd une oreille, la bataille et beaucoup de dignité durant l'échauffourée. De retour à Erskine, un banquet célèbre les héros victorieux. Pour messire Bertwald, cette fête est d'autant plus joyeuse que la belle et douce Amalia a accepté sa demande en mariage. Malheureusement, dans la nuit, profitant d'un somme de la sentinelle, les barbares attaquent, pillent, violent et massacrent. Pour les chevaliers de Kélodie, le déshonneur est sévère; mais c'est la mort d'Amalia qui les hante le plus. Jusqu'à ce que Perceval, jeune berger de la vallée d'émeraude ne vienne leur demander leur aide. Son village est la proie de Cyril, un mage noir très puissant qui est toujours accompagné de dragons. Pour les chevaliers, c'est le début d'une épopée où le vrai n'est jamais ce qu'il semble être et le faux rode à tous les coins de forêt.

Ça commence comme un récit médiéval, une sorte de tragédie avec son lot d'héros et de drame. Et puis...  et puis arrive Perceval de la Green Valley, avec ses propos délirants concernant un mage noir surpuissant, toujours accompagné de dragons assoiffés de sang. Comme les chevaliers, on hésite entre scepticisme et plongée dans la fantasy. Ensuite, Cyril le noir apparaît et on est encore plus perdu pour finalement ne plus rien prévoir et juste se laisser bercer par le scénario déjanté mais ultra captivant signé Max Landis. Le scénariste du film Chronicle bouleverse tous les codes, malmène et secoue les genres avec bonheur dans cette épopée où chaque personnage est central et le suspense parfaitement maîtrisé.
C'est le talentueux Giuseppe Camuncoli qui met cette histoire en images. Le dessinateur italien semble être un gamin dans une fête foraine. Il faut dire que, même s'il vénère l'Heroic Fantasy, jamais jusqu'alors il n'avait dessiné d'album de ce genre. Alternant les plans séquences (probablement les plus réussis que je n'ai jamais lu) et les damiers resserrés, faisant le choix de grandes pages puis de petites cases horizontales ou verticales, le dessinateur de Spiderman Star Wars: Dark Vador démontre toute l'étendue de son talent et le lecteur en prend plein les yeux. Alors oui, la couverture n'est peut être pas à la hauteur du contenu mais après tout qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.

C'est donc un véritable ovni bédéphile que ce Green Valley mais si vous n'avez pas peur de vous perdre dans la contrée, n'hésitez pas! Vous ne serez pas déçu.