Titre du Tome: HABEMUS BASTARD
Par la force des choses, Lucien le porte-flingue est obligé de partir en cavale. Sur le moment, il n’a pas de meilleure idée que de prendre la place de Philippe qui doit se rendre à Saint-Claude dans le Jura pour officier en tant que prêtre. Polar, action, violence, humour noir et intrigue, tout est réussi pour faire de ce diptyque un indispensable sur le rayon BD.

Dans son parcours de vie, l’homme est souvent obligé de prendre des décisions lorsqu’il se retrouve à la croisée des chemins. Ce soir-là, Lucien ne pensait pas qu’en rangeant son flingue dans son pantalon et en remontant sa capuche sur la tête avant de monter les étages de l’hôtel du temple que son destin allait changer. Mais dans le milieu des hommes de main, il n’y a pas de destinée, uniquement des ordres et des hasards. C’est ainsi que dans la chambre d’hôtel, Lucien surprend involontairement un homme et une femme. Dans la panique, l’homme se défenestre, ce qui n’était pas prévu au programme, et la femme, une fille tatouée, tombe dans les pommes. Sur le lit, une soutane, le nouveau déguisement de Lucien. A partir de maintenant, il devient le père Philippe et il va débarquer à Saint-Claude pour officier en tant que curé. Une couverture, une idée comme une autre, pour faire croire que le vrai père Philippe est toujours vivant. A peine arrivé dans les tristes pièces du presbytère et après avoir rangé tous ses flingues, Lucien envoie, depuis le portable de Philippe, un curieux message à « Tonton Jean-Pierre » qui n’est autre que le commanditaire mafieux de toute cette mascarade et l’oncle de Philippe. Ainsi, techniquement, le père Philippe est bien rentré au bercail. Il reste maintenant à Lucien à se faire passer pour un vrai curé auprès de la population et échapper aux représailles de « Tonton Jean-Pierre » et là c’est une autre histoire.

Lucien, homme de main et porte-flingue, se retrouve du jour au lendemain dans la peau d’un prêtre qui doit officier rapidement dans la petite commune de Saint-Claude. Hasard ou choix volontaire de cette commune qui par ses activités apporte un double sens qui fait la joie des repas de famille du dimanche. Lucien se retrouve un peu dans la même situation car il doit à la fois remplir ses « obligations » sérieuses de prêtre (messes, confessions, recueillement, chasteté) mais n’est pas « SODA » qui veut, Lucien a bien du mal à ne pas être naturel et il continue à rester lui-même en portant baskets, tee-shirt de groupe métal, un vocabulaire peu adapté et un penchant pour les femmes et la violence. Bref, un curé moderne comme le disent certains de ses paroissiens.

Quelle belle surprise que la lecture de ce premier volet de « Habemus Bastard », les auteurs Jacky Schwartzmann et Sylvain Vallée nous proposent un polar des plus originaux où le personnage principal n’a rien de « catholique » et est à l’opposé du bon flic qui va mener son enquête. Et pourtant la magie opère de suite car Lucien est charismatique, naturel, drôle, violent et l’attachement vient de suite, on en est presque mal à l’aise pour lui lorsqu’il doit faire face à son assistance lors de la messe et qu’il perd ses moyens, c’est ce type de faiblesse qui le rend vrai et crédible.
Au niveau du récit, les auteurs ont réussi à mêler plusieurs histoires entre-elles entre la mise en place du personnage et la mise en place des relations mafieuses entre clans. Le rythme augmente petit à petit en même temps que l’humour noir et la satire de la religion.
Pour le dessin, Sylvain Vallée est au top, son dessin semi réaliste et surtout le travail préparatoire réalisé autour de Lucien et de ses différentes attitudes et mouvements rendent ce personnage crédible et vivant.
Ce premier volet est tout simplement génial et inattendu même si la première partie prend son temps avant de laisser place à l’action et l’intrigue, ce qui laisse entrevoir un second volet qui devrait être explosif.