Nom de la série : I parry everything
Tome : 1
Scénario : NABESHIKI
Dessin : KRSG, KAWAGUCHI
Maison d'édition : Delcourt Tonkam
Et si le plus grand des héros n’était pas celui qui attaque, mais celui qui pare tout ? I Parry Everything revisite la fantasy avec un humour fin et un concept aussi absurde qu’efficace.
Dans la jungle des isekai et des fantasy contemporains, I Parry Everything se démarque par une approche singulière : celle d’un protagoniste totalement dénué de dons particuliers, mais qui pousse une compétence anodine jusqu’à la perfection absolue.
L’histoire s’ouvre sur Noor, jeune aventurier au physique banal et au charisme discret, qui a passé sa vie à se heurter à ses propres limites. Trop faible pour attaquer, trop lent pour briller, il décide pourtant de tout miser sur une seule action défensive : parer. Et de ce pari dérisoire naît une force insoupçonnée.
L’idée de base est d’une simplicité presque comique — et c’est ce qui fait mouche. Nabeshiki joue sur le contraste entre l’humilité du concept et l’exagération sh?nenesque de sa mise en scène. Les parades de Noor deviennent au fil des pages de véritables démonstrations de puissance, flirtant parfois avec le burlesque.
Mais derrière cette légèreté, on perçoit une critique amusée des systèmes de classes et de compétences omniprésents dans les mondes de fantasy. Noor ne “gagne” pas par hasard ni par pouvoir caché, mais grâce à une persévérance obsessionnelle, une forme de perfectionnisme presque pathologique.
Le duo KRSG & Kawaguchi livre une mise en scène claire et fluide. Les combats sont dynamiques sans sombrer dans le chaos visuel, les expressions faciales oscillent entre la maladresse naïve et la détermination pure.
Le chara-design reste classique mais il colle parfaitement à l’esprit du titre : efficacité avant extravagance. Les arrière-plans, quant à eux, manquent parfois de relief, mais le découpage énergique compense cette relative sobriété graphique.
L’équilibre entre comédie et épique est l’un des atouts majeurs de ce premier volume. Noor se retrouve souvent dans des situations absurdes, mais le récit ne bascule jamais dans la parodie pure.
Nabeshiki conserve un fil narratif solide, et surtout un univers qui promet une évolution cohérente : la quête de reconnaissance d’un héros sans éclat, face à un monde qui ne jure que par les statistiques et les talents innés.
Au-delà de l’action et de l’humour, I Parry Everything évoque subtilement la résilience, la marginalité et la valeur du travail invisible. Noor est l’anti-héros typique de notre époque : il ne cherche pas la gloire, seulement à exister dans un monde où tout le monde brille plus que lui.
Le manga pose ainsi une question presque existentielle : et si la véritable force, c’était de ne jamais cesser d’essayer ?
