1922, sur le tarmac de l’aéroport de Berlin, c’est l’effervescence ! La célèbre Isadora Duncan est de retour dans le pays de Goethe. Elle n’arrive pas seule puisqu’elle profite de ce voyage pour présenter son
jeune époux : le poète soviétique Serge Essenine, de 18 ans son cadet. Lors d’une lecture publique, les penchants alcooliques et violents du jeune homme le conduisent au poste de police. Plus tard, à l’invitation d’un autre poète, Gorki, Essenine déclame les vers de
la chanson de la chienne, faisant plonger Isadora dans ses souvenirs.
Retour donc en 1899, la jeune Isadora quitte la Californie à bord d’un cargo à bestiaux. Après une expérience malheureuse à New York, elle tente une nouvelle aventure sur le Vieux Continent. Sans le sou, la famille dort à la belle étoile, visite British Museum puis part tenter sa chance à Paris où Isadora fait la rencontre de Rodin et de Loïe Fuller. La célèbre chorégraphe la prend sous son aile et la lance seule sur une scène berlinoise où son style naturel explose. S’ensuit alors une carrière où les succès s’enchaînent aussi rapidement que les revers, jusqu’à ce qu’une écharpe un peu longue…
Même si cela n’est à aucun moment clairement affirmer, il semble qu’Isadora soit la suite de
Il était une fois dans l’Est. Mais attention, une suite à la Georges Lukas, une suite qui se déroule avant. En effet, ce prologue présente la vie de la talentueuse Isadora Duncan ; avant sa rencontre et sa liaison tumultueuse avec Serge Essenine. Le
duo d’auteurs, connu également pour
Pablo (Picasso), réalise une biographie de celles que certaines présentent comme la pionnière de la danse contemporaine européenne. Julie Birmant réalise un scénario solide où chaque chapitre correspond à un acte, un épisode marquant de la vie de la star. En revanche, on comprend difficilement certains sauts chronologiques : certains passages renvoyant davantage au premier opus telle la scène de la mort des enfants. Néanmoins cela n’altère en rien l’exposition de la vie professionnelle d’Isadora. Et de rencontres en représentations, on comprend mieux ce qui poussait ses contemporains à venir la voir sur scène. On le comprend d’autant plus facilement que le dessin semi-réaliste de Clément Oubrerie est au diapason du scénario. Le trait dynamique sert à merveille la danse tout autant que les sculptures antiques du British Museum ou celles de Rodin. L’ensemble est joliment rehaussé par une mise en couleur à l’aquarelle principalement dans des tons de rouge et de brun.
On l’aura donc compris,
Isadora est un joli album sur une pionnière, une magnifique chorégraphie pour cette danseuse hors-normes.