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Je suis un ange perdu Je suis un ange perdu
Coup de coeur

Je suis un ange perdu

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Nom de la série : Je suis un ange perdu
Scénario : Jordi LAFEBRE
Dessin : Jordi LAFEBRE
Couleur : Jordi LAFEBRE
Maison d'édition : Dargaud

Une nouvelle fois, la psychiatre déjantée Eva Rojas se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment. Une nouvelle fois, elle est suspectée par l’inspectrice « Merkel » et son adjoint Garcia et l’interrogatoire va se dérouler chez son psy ! Mais, lorsqu'elle se rapproche de néonazis, elle peut compter sur une de ses aieules, morte durant la guerre d'Espagne. C’est pourtant une toute nouvelle aventure aussi drôle qu’explosive que nous raconte Jordi Lafebre ! Un vrai coup de cœur !  
 
Lorsque l’inspectrice Alemany arrive sur la scène de crime, elle doit reconnaître son originalité : deux jambes dépassent d’une chape de béton. Qui plus est, Garcia, son adjoint, a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne ! Il y a un témoin oculaire. La mauvaise ! Il s’agit de la psychiatre quelque peu déjantée Eva Rojas. Lunettes noires, clope au bec et fourrure blanche sur une mini-jupe noire, la psy va imposer des conditions à sa déposition : elle ne parlera qu’en présence … de son psychiatre. Elle va donc raconter en détail à la police et au docteur Llull les sept derniers jours. Un de ses patient, Joao, 19 ans et star montante du football, a disparu. Son club tient Eva pour responsable et lui intime l'ordre de le retrouver. Inconsciente des risques, mais bien aidée par les voix dans sa tête, elle va se lancer sur la piste du disparu. Elle va aussi se rapprocher du charmant Garcia mais, surtout, elle ne va en faire qu’à sa tête ! Il faut dire que lorsqu’elle s’approche d’un groupuscule néonazi, la présence de certaines de ses aïeules, combattantes durant la guerre d’Espagne, se fait beaucoup plus pressante...
Bien qu’ayant adoré Malgré tout (à moins que ce ne soit justement parce que je l’avais adoré), je n’ai pas lu Je suis leur silence. Malgré sa jolie couverture, je me demandais bien ce que l’artiste espagnol pouvait nous proposer de nouveau dans le genre comédie romantique. C’est donc sans arrière-pensée que je me suis lancé dans la lecture de Je suis un ange perdu. Bien sûr, dès la première page, je fais le lien avec l'album précédent et surtout, je me prends une gifle magistrale. Comment ai-je pu passer à côté de cet album ?! Le nouveau s’ouvre pourtant comme le précédent : sur les toits de Barcelone et de nouveau en hauteur. Eva n’est plus sur le balcon du docteur Llull mais en haut d’une grue et la scène pose beaucoup d’interrogations. Heureusement, on peut compter sur les personnages pour se rattraper aux branches. C’est ainsi que réapparaît l’Inspectrice Alemany, allias Merkel, et son séduisant adjoint, Garcia. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le meurtre est des plus original : deux jambes sortent, raides comme la justice, d’une dalle de béton ! Et Eva dans tout ça ? C’est une nouvelle fois elle qui a découvert le corps et c’est elle la principale témoin. Par un jeu de questions-réponses fort à propos et fort drôle, son interrogatoire va une nouvelle fois se dérouler chez son psychiatre, le docteur Llull. Débute alors le récit des sept jours précédents. Ces récits enchâssés sont racontés avec beaucoup de maestria mais surtout avec beaucoup d’humour. Chaque retour au récit cadre est marqué par un bon mot, une punchline mais également par des comiques de caractère, de situation et de gestes totalement surjoués et assumés. Le petit truc en plus reste indubitablement les interventions des aïeules. C’est piquant, sans filtre : c’est hilarant. Pour le reste, l’intrigue est rythmée par les révélations et le retour en arrière d’Eva. Si le lecteur est attentif (et dans ce genre de lecture, il doit l’être), le suspense est partout et on cherche en permanence les petits détails ou la petite phrase qui nous mettront sur la bonne piste. Notons au passage, le nombre considérable de personnages secondaires qui apporte une atmosphère si chaleureusement ibérique autant que de la vie à cette histoire. Seulement Jordi Lafebre dresse aussi un portrait sans concession de la société espagnole où le sport-spectacle règne en maître et où les théories et les méthodes réactionnaires s’insinuent un peu partout. Dans ce décor pas si idyllique, il évoque également les névroses qui se transmettent de génération en génération. Côté dessin, on retrouve la patte du maitre Jordi Lafebre. Personnages anguleux, et souvent caricaturés, décors réalistes, l’artiste espagnol joue sa partition à merveille. S’il se dégage généralement beaucoup de charme de ses personnages, ce sont surtout leur charisme qui marque. La palme revient bien évidemment à Eva, aussi sublime qu’excentrique sous tous les angles possibles et inimaginables. Pourtant, la construction reste des plus classiques. C’est une nouvelle fois un damier de trois par trois, en général, mais le choix des cadrages, les inserts divers et variés et les petits idéogrammes (qu’on ne voit presque plus dans la bande dessinée contemporaine) sont un pur régal. Reste une remarque importante : comment ai-je pu comparer les deux tomes ? J’ai tout simplement couru chez mon libraire afin de réparer mon erreur initiale, et je ne le regrette absolument pas !
Après le succès de Je suis leur silence, Jordi Lafebre remet le couvert avec les mêmes ingrédients. Il obtient une nouvelle pépite avec toujours autant de corps et une nouvelle fraîcheur ! Pour le lecteur, c’est à se demander si nous ne trouvons pas au début d’une nouvelle série. Franchement, ce serait une excellente nouvelle !!

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : boil

Nombre de chroniques publiées : 108