Titre du Tome: Jour J Tome 33
Oppenheimer et Kerouac poursuivent leur virée à travers les Etats Unis de la fin de guerre. Poursuivis par l’armée, le FBI, le KGB, Eliot Ness, ils nous font découvrir une Amérique alternative.
Suite et fin d’une histoire de la seconde guerre mondiale revue et corrigée par Duval, Pécau et Denys.
À la gare de Santa Fe, c’est l’excitation. À l’abri des regards curieux, un individu en récupère deux autres, à l’allure stricte. Il s’agit d’espions du KGB aux États-Unis. Ils ont pour mission de trouver et capturer Robert Oppenheimer. Le physicien est à plusieurs centaines de kilomètres de là, à Saint-Louis. Accompagné de Jack Kerouac et de Neal Cassady, il poursuit sa fugue, sa fuite vers le Mexique.

Il n’ignore pas que l’armée, le FBI et toutes les polices de l’État sont à sa recherche mais sa décision est prise, et irrévocable : il ne veut pas mettre la puissance de l’atome entre les mains des militaires. C’est un choix compliqué car les États-Unis perdent beaucoup d’hommes dans leur guerre contre le Japon mais les drogues de toutes sortes font oublier leur mort au physicien. Sur la route, le trio s’arrête à une fête à Memphis. Si cela les rapproche du Mexique, l’idée semble saugrenue avec le KGB, le FBI, la mafia et même le célèbre Eliot Ness à leur poursuite. Il faut dire que l’avenir du monde dépend de cette traque.
Qui a dit des
Jour J qu’ils se suivent et se ressemblent? Cette
Opération Downfall est la suite, et la fin, de
Sur la route de Los Alamos. Le premier volet du diptyque était assez philosophique, il nous interrogeait sur les fondements de la bombe nucléaire, sur ses conséquences possibles, sur les risques d’une science sans conscience (comme on peut parfois questionner le futur bachelier).

L'idée ne disparaît pas dans ce second opus, au contraire. La bombe atomique n’ayant pu être réalisée, les États-Unis sont contraints de débarquer au Japon, au prix d’immenses pertes humaines et le rideau de fer, qui séparait l’Est de l’Ouest durant la guerre froide, s’est transformé en rideau de bambou coupant l’archipel en deux. Aucun doute donc, nous sommes bien dans une uchronie. Pour le reste, Fred Duval et Jean-Pierre Pécau ont apporté beaucoup plus de dynamisme à leur scénario. Le road-movie se transforme en chasse à l’homme et dans ces conditions, le gibier ne peut compter que sur la rivalité entre les chasseurs pour s’en sortir. Davantage de rythme donc mais aussi plus de complexité dans les personnages et, une nouvelle fois, le trait réaliste de Denys vient compléter leur charisme. Si je devais émettre une réserve, je trouve la fin un peu trop ouverte à mon goût fois, peut-être à cause de la mystérieuse voix-off qui me renvoie à une sorte de théorie du complot. Deux dernières vignettes bien mystérieuses donc mais rien de bien dérangeant, néanmoins. D’autant que le dessin de Denys permet de refermer l’album avec un excellent souvenir.

On a véritablement l’impression que le dessinateur s’est beaucoup plus amusé à dessiner cet album que le précédent. Les scènes d’action, qu’il s’agisse des courses poursuites ou du champ de bataille, nous plongent véritablement dans le feu de l’action pour, au final, en ressortir à bout de souffle.
Après le succès du triptyque
Le Prince des Ténèbres, les
Jours J suivant avaient une pression énorme. Ce nouveau diptyque s’en sort mieux qu’avec les honneurs. Équilibré entre action et réflexion, il constitue une excellente uchronie.