Nom de la série : Jour J
Tome : 52
Titre du Tome: Jeanne, première reine
Scénario : Jean-Pierre PECAU
Dessin : Marco BIANCHINI
Couleur : Jean-Paul FERNANDEZ
Scénario : Fred DUVAL
Dessin : Sinisa RADOVIC
Maison d'édtion : Delcourt
Et si Jeanne d’Arc n’étaient pas morte brulée à Rouen ? Si la pucelle d’Orléans avait repris la lutte ? Voilà le grand final de la série uchronique Jour J ! Toujours aussi spectaculaire !
Rouen, mai 1431, malgré les pressions anglaises, Jeanne d’Arc conserve ses habits masculins. Pour les religieux chargés de son jugement, c’est la preuve que la pucelle est hérétique, elle sera donc brûlée dès l’aube. Sur le chemin du bûcher, elle s’avance couverte d’une résille lui masquant le visage. C’est que son fidèle compagnon d’armes, Gilles de Rais a réussi à organiser une opération d’exfiltration des plus audacieuses. Bien que furieuse des circonstances de son évasion, Jeanne accepte de reprendre le combat. Après tout, parmi ses vœux, elle doit encore jeter les Anglais hors du Royaume de France. Mais face à la perfidie du roi, elle se plie aux conseil de ses proches : elle accepte de revendiquer le trône de France puis elle décide d’accomplir son ultime vœu, libérer le tombeau du Christ à Jérusalem…
En 2010 sortait le premier opus de la série uchronique Jour J. 15 ans et 52 albums plus tard, voilà annoncé le grand final de la série. Et contrairement à ce qu’on aurait pu penser, il s’agit d’une histoire médiévale. En effet, d’aveux de scénaristes, les intrigues contemporaines touchaient davantage de public ! Mais cette ultime volée nous parle de la plus grande héroïne de France: Jeanne d’Arc. Car après tout, qui ne s’est jamais demandé « et si la pucelle de Domrémy n’était pas morte sur le bûcher à Rouen ? si son fidèle Gilles de Rais avait tenu son serment ? » Partant de ce qu’en dit une légende, les scénaristes aux 52 uchronies, Jean-Pierre Pécau et Fred Duval imaginent une intrigue mêlant affaires d’État, complots et combats épée à la main. Une histoire faite de messes basses, de coups tordus où le véritable héros est davantage Gilles de Rais que Jeanne d’Arc. Car c’est bien lui qui tire les ficelles d’une politique française du XVe siècle extrêmement complexe. C’était souvent la pierre d’achoppement des Jours J de cette époque. Pour saisir toutes les subtilités de l’intrigue, il vaut mieux être au point sur l’Histoire. Cet épisode ne fait pas exception, avec des rivalités entre français et anglais bien sûr, mais également entre armagnacs et bourguignons et toute une flopée de personnages importants. Il est malgré tout tout à fait possible de lire et de prendre plaisir avec cette uchronie. Il suffit de se laisser bercer par le rythme soutenu et par les règlements de comptes entre personnages. Certes, on a un peu l’impression de passer à côté de certaines choses mais cela n’empêche rien de suivre le destin extraordinaire de la pucelle d’Orléans et, par un spectaculaire retournement de situation, de comprendre que le principal danger n’est pas toujours là où on l’attendait. Ils sont nombreux les dessinateurs à avoir officié sur cette série. C’est pourtant deux nouveau, Sinisa Radovic et Marco Bianchini qui mettent en image la vie de Jeanne. Et une première remarque : la transition entre les deux artistes s’effectue après l’évasion de l’héroïne. Surtout, elle se fait sans heurts. On passe d’un dessin à l’autre sans trop s’en rendre compte. Les personnages sont tels qu’on se les imagine et cela facilite une identification rapide. Les décors médiévaux sont suffisamment travaillés pour les rendre réalistes. La mise en page fait la part belle à des demi pages spectaculaires aux angles de vue variée. Les scènes de bataille sont suffisamment dynamiques mais elles ne constituent pas l’essentiel des planches. L’importance est davantage mise sur les dialogues et en ce sens, les échanges sont rendus vifs par l’accélération de vignettes plus petites. L’ensemble est cohérent et plutôt agréable à lire.
En évoquant un des plus grandes figures de l’Histoire de France et en traitant de thèmes bien de notre époque, cet ultime Jour J rend hommage à sa prestigieuse lignée. Malgré une certaine irrégularité, c’est le cœur serré que nous disons au revoir à cette série uchronique devenue culte.