Titre du Tome: Jusqu'au dernier

plus vers l'ouest et bientôt Russell sera une sorte de dinosaure. Conscient de cet état de fait, il organise son dernier convoi avant de se retirer dans une ferme dans le Montana avec Bennett, un gamin un peu arriéré qu’il a recueilli et Kirby, son bras droit. Alors qu'ils font une pause dans la petite et paisible ville de Sundance, Bennett est retrouvé mort. Pour le maire, qui négocie l'arrivée du chemin de fer, il s’agit d’un banal accident. Bennett est en effet retrouvé près d’une bouteille de whisky. Il chasse donc un Russel qui réclame plus vengeance que justice. Le vieux cow-boy, bien décidé à régler ses comptes, revient à la tête une bande de hors-la-loi...
L’illustration est en effet un concentré de l'album. L'intrigue, tout d'abord. En cette époque ancienne mais pas si reculée où le deuxième amendement s'est imposé, la vie n'était ni claire ni sombre. Cette réalité en demi-teinte, Jérôme Félix la retransmet à la perfection avec des personnages extrêmement complexes comme pouvaient l’être John Wayne ou Clint Eastwood. C'est d'ailleurs à ces monstres sacrés que l'on pense lorsqu’on voit le vieux Russel. Néanmoins, le scénariste sait également que le Far West est un monde en évolution, pour ne pas dire en révolution, et il se sert de cela pour dérouler son intrigue, particulièrement sombre. En cela il se place dans la lignée des classiques comme Liberty Valance. Il n'oublie pas non plus une lueur d'espoir dans un épilogue très joliment amené. Paul Gastine quant à lui donne vie à cette histoire avec un style très réaliste. Fidèle à trait très western, fixé par les grands noms, le dessinateur dresse une galerie de portraits expressifs et très ambivalents. S'il arrive parfois qu'en voulant être trop réaliste, on tombe dans un genre de roman photo très statique, ce n'était absolument pas le cas ici. Les différentes scènes de bagarre ou de duel sont dynamiques et d'une grande intensité. Et puis, ce qui marque le plus à la lecture,
c'est travail de colorisation du même Paul Gastine. Jouant à merveille sur la lumière, les rues comme les déserts sont baignés de soleil et les nuits sont magistrales de clair-obscur. C'est tout bonnement bluffant de réalisme et de beauté. C'est même plus beau qu’au cinéma puisque le dessinateur n'a que peu de contraintes techniques.Nom d'utilisateur : LABANDEDU9
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