Nom de la série : Kundan
Tome : 2
Titre du Tome: Crépuscule indien
Scénario : Luana VERGARI
Dessin : Emmanuel CIVIELLO
Couleur : Emmanuel CIVIELLO
Maison d'édtion : Glénat
Petit à petit, Kundan place ses pièces sur l’échiquier de sa vengeance. Petit à petit, les corps atrocement mutilés s’empilent et cela commence à se voir. Ce deuxième opus est un excellent album de transition avant un final qui s’annonce d’ores et déjà explosif !
Arrivé à Cochin, Kundan se fait passer pour lord Benedict. Il poste une lettre à son altesse Georges V et il se rapproche de la princesse Mary. Dans le palais du Maharaja, pourtant, l’arrivée du bateau inquiète le docteur Riwetz. La découverte d’un corps monstrueusement mutilé pourrait bien être les prémices d’une future épidémie et le médecin aimerait pousser plus avant ses investigations. Le maharaja a d’autres chats à fouetter avec la rébellion des Thugs. Le soir de l’introduction de lord Benedict à la cour, les bandits tentent d’assassiner la princesse et il faut tout le talent combiné de Kundan et de la jeune Kavi pour éviter le pire. C’est à cette occasion que le vampire découvre qu’elle est une disciple de la déesse Durga. Mais ce que tous ignorent, c’est que Kundan a signé un pacte avec les Thugs et que, petit à petit, il déroule son plan machiavélique pour se venger et reprendre la place qui devrait être la sienne. Pourtant, au palais, un minuscule grain de sable pourrait bien tout faire dérailler…
Nous avions quitté lord Benedict en charmante, mais dangereuse, compagnie dans l’album précédent. La scénariste avait judicieusement préparé le terrain pour la découverte d’un corps atrocement mutilé dans le port de Cochin. Cet album s’ouvre sur un magnifique couché de soleil sur le palais du Maharaja, une ombre qui se faufile et une lettre. L’ombre, c’est celle de Kavi qui entre chez le docteur Riwetz. En quelques vignettes, et quelques mots, on en apprend beaucoup plus sur le personnage. La lettre, c’est celle qu'écrit lord Benedict au roi George V. Indubitablement, le lecteur est un peu désemparé avant que tout ne s’éclaire. Kundan s'est substitué à lord Benedict et le corps repêché dans le port est celui du policier londonien. Et c’est bien ce corps qui va occuper la majeure partie de l’introduction. En médecin consciencieux, le docteur Riwetz va chercher à comprendre ce qu’il se passe et cela va déstabiliser Kundan. Pour le reste, cet album est une excellente transition. À l’image de la lettre d’ouverture, Luana Vergani semble prendre un malin plaisir à perdre ses lecteurs. Dans ses Indes morcelées et colonisées, les alliances se font et se défont très rapidement et les retournements ne préviennent jamais. Comme à Londres dans l’album précédent, l’intrigue est rythmée par la découverte de corps. Sauf qu’ici, Kundan ne se cache plus et c’est une véritable machine de mort que l’on découvre. Cherchant à rester fidèle à l’œuvre originale de Bram Stoker, la scénariste italienne lui confère pourtant un charme, une distinction et une élégance qui n’a d’égale que sa barbarie. N'oublions pas la touche romantique propre à l’époque et que apporte un petit truc en plus ici. Si l’intrigue est intense, le dessin d’Emmanuel Civiello l’est tout autant. Fidèle au style qu’il a impulsé dans l’album d’ouverture, le dessinateur de Korrigans fait de chaque vignette de véritable œuvre d’art. J’en parlais précédemment, la première planche est d’une beauté absolue. Ce coucher de soleil sur le palais indien n’est d'ailleurs pas sans faire penser à la célèbre cathédrale de Rouen vue par Monnet ! Par la suite, on oscille entre un univers sombre et lugubre et un folklore indien ultra coloré. S’il injecte un supplément d’âme à ces personnages, même à celui qui en est dépourvu, c’est surtout dans les scènes vampiriques qu’on le sent le plus à l’aise. La transformation du charismatique Kundan en une bête assoiffée de sang est un moment marquant, hommage à la superbe adaptation de Dracula de Coppola. Les planches se drapent alors d’un rouge sang, les yeux se font perçants et l’horreur semble prendre vie. Il faudra donc, comme à la télévision, éviter de laisser cet album entre les mains des moins de 12 ans. Pour le reste, la construction fait la part belle aux grandes vignettes sur laquelle le dessinateur vient coller de plus petites en jouant sur les zooms et les contrechamps. C’est très dynamique et c’est surtout très agréable et fluide à lire. Pour finir, impossible de ne pas évoquer une nouvelle fois la somptuosité de la colorisation directe.
Toutes les pièces sont disposées sur l’échiquier et Kundan, le dernier vampire, est bien décidé à obtenir vengeance dans un dernier volet qui s’annonce tout simplement grandiose.