Nom de la série : L'âge d'eau
Titre du Tome: Seconde partie
Scénario : Benjamin Flao
Dessin : Benjamin Flao
Couleur : Benjamin Flao
Maison d'édition : Futuropolis
Avec L’âge d’eau – seconde partie, Benjamin Flao poursuit son récit d’anticipation dans un futur proche où la montée inexorable des eaux a bouleversé la France. Malgré tout des communautés subsistent et s’organisent pour continuer à vivre comme ils le souhaitent. Un ouvrage magnifique !
L’eau monte et les populations déplacées sont invitées — ou plutôt sommées — par les autorités de rejoindre des centres d’hébergement construits à la hâte, derrière des digues, au nom de la salubrité publique. Mais certains refusent cette injonction et choisissent la liberté au prix de la précarité...
Parmi eux, Jeannes, herboriste à ses heures perdues, qui vit avec ses deux fils, Hans et Groza, et leur chien bleu, étonnant narrateur de ce récit. Ensemble, ils tentent de survivre sur une maison flottante se déplaçant au gré de leur besoin ou de leur envie... En effet, la nature hostile et la brutalité des hommes fait que leur quotidien est loin d’être... un long fleuve tranquille !
Entre quête familiale, réflexion écologique et fable poétique, Benjamin Flao tisse une histoire où le réel se teinte d’onirisme. Ainsi, ce second tome confirme les ambitions de l’auteur : proposer une fiction écologique et politique qui interroge notre rapport au monde, à la solidarité et à la liberté. On retrouve des thèmes très actuels : la crise climatique, la gestion autoritaire de nos gouvernements ainsi que le rejet des marges et des résistances.
Mais si les idées sont fortes et nourries par son expérience, la narration souffre parfois, selon moi, d’un manque de cohésion. L’onirisme, incarné notamment par le chien bleu, apporte une touche singulière mais tend à brouiller les repères entre les différentes histoires et les différents personnages. Le rythme peut sembler lent, parfois flottant mais ce « vagabondage » narratif reste très agréable notamment grâce aux dessins extraordinaires de l’auteur !
En effet, graphiquement, L’âge d’eau (et je parle des 2 tomes !) est une véritable réussite. Chaque planche semble peinte, avec une lumière qui évolue au fil des scènes : la chaleur aveuglante d’un soleil d’été, l’éclat des nuits étoilées, la brume mystérieuse des paysages noyés... Les pages alternent entre de larges panoramas, pleins de détails et des scènes plus intimistes où les personnages, tous très expressifs, nous donnent envie de les suivre dans leur pérégrination. On a d’ailleurs parfois presque l’impression d’être au cœur de ce monde casi-englouti. Cet aspect visuel, m’a vraiment permis d’apprécier cette série même quand le récit se fait un peu plus décousu.
En refermant ce second tome, on garde l’impression d’un voyage marquant, malgré quelques défauts. L’âge d’eau est donc une œuvre difficilement classable grâce à un dessin somptueux mais surtout par sa vision du monde entre inquiétude en l’avenir et espoir d’une résilience possible de nos sociétés !
