Titre du Tome: L'Herbe folle
Dans un café parisien, une trentenaire anglaise interroge un ancien hippy sur ses parents. Les souvenirs affluent mais il y a ce que Pierre peut dire et tout ce qu’il va devoir taire… Paris, gare de Lyon, restaurant Le Train Bleu. Pierre, la soixantaine élégante et grisonnante, attend. Il a rendez vous avec Rose. Orpheline depuis l’enfance, la jeune femme l’a contacté pour qu’il lui raconte ses parents.
Attablés dans ce café rétro, Pierre va raconter sa rencontre avec Gilles et Theda. Agé de 15 ans, il entre aux Beaux Arts parisiens. Trop jeune pour être convenablement intégré, Gilles est le seul étudiant avec qui il se lie d’amitié. Et puis un jour, Theda entre dans l’atelier ! Jeune anglaise venue à Paris, chez une tante, pour perfectionner son français, elle croque la vie à pleines dents sans se soucier des ravages qu’elle provoque sur son chemin.
Mais comment expliquer à Rose, jeune trentenaire des années 2010, que sa mère a fait le siège de tous les
mâles avenants de l’atelier avant de jeter son dévolue sur Gilles ? Pierre préfère se concentrer sur leur départ pour le Cantal et sur ce mois d’août où toute la petite troupe s’était retrouvée dans la chèvrerie pour des vacances très Peace and Love.
Mais Rose n’est elle venue que chercher des réponses ?
Maryse et Jean François Charles nous plongent dans le milieu estudiantin des Beaux Arts parisiens à la fin des années 60. Milieu qu’ils connaissent bien car ils en étaient membres. Soyons franc, cet album n’apporte rien de nouveau sur cette période hippie et le mouvement Peace and Love. Mais même si cette époque est « inconnue » des jeunes générations, de nombreuses images et représentations les bercent depuis leur naissance. C’est donc malgré tout avec un grand plaisir qu’on ouvre ce livre et qu’on en tourne les pages.
Les personnages, Théda et Rose en particulier, sont terriblement charismatiques et l’époque est fort bien représentée. On sent que les
auteurs se sont plongés dans leurs souvenirs avec un bonheur non dissimulé. Le coup de crayon de Jean François Charles est toujours aussi expressif et la mise en couleur à l’aquarelle est un véritable régal. Notons, au passage, pour les amoureux du dessinateur, que les planches originales sont exposées jusqu’au 7 mai à la galerie Champaka de Bruxelles.
Maryse et Jean François Charles signent donc un roman graphique fort émouvant sur base d’autobiographie. Avec douceur, ils nous plongent dans un bain de nostalgie qui fait du bien dans notre société hyper consumériste.