L'ile aux géants

Avec l'île aux géants, Harold Charre et Quentin Boyer di bernardo nous proposent un voyage mystérieux, une traversée au long cours mettant en scène deux protagonistes au caractère diamétralement opposés. Une quête de soi pleine de poésie, une réflexion sur la nature humaine.

 

Dans une petite ville au bord de la mer, une vieille dame fait son apparition dans le café de la place principale. Elle interpelle une bande de clients concentrés à jouer aux cartes. Elle leur demande si l'un d'eux est marin et s'il peut l'aider à atteindre un point précis situé au milieu de l'océan Atlantique. Mais les pêcheurs sur place ont d'autres choses à faire que de satisfaire les désirs exotiques d'une vieille dame alors, ils lui conseillent de se rendre chez Martin un jeune marin solitaire qui pourrait sans doute répondre à ses attentes. Arrivée sur place la vieille femme toc, elle entend quelques notes de trompette qui s'amenuisent et la porte s'ouvre sur un jeune homme solitaire et paisible. Elle réitère la requête qu'elle avait formulée au café et demande à Martin s'il accepterait de l'emmener au milieu de l'océan vers une destination précise, mais sans lui fournir le moindre indice sur le lieu qu'elle souhaite atteindre ni sur ses motivations. Martin au départ hésitant et un peu méfiant finit par accéder à la proposition de Jeanne, attiré par la forte somme d'argent qu'il y a à la clé.

Martin et Jeanne sont deux entités que tout oppose aussi bien par leur âge que par leurs caractères. Quand Martin demande à Jeanne les raisons qui la pousse à entreprendre ce voyage, la vieille femme reste fermée et évite le sujet, ce qui énerve au plus au point le jeune marin. Mais une fois en mer les choses vont finir par se décanter, car dans un si petit espace, il est bien difficile d'éviter l'autre. Jeanne finira elle par répondre aux questions de Martin, mais surtout, parviendront-ils à s'entendre et à atteindre le point de mire qu'ils se sont fixé ?

Avec L'ile aux géants, Harold Charre nous offre un récit singulier ponctué de longs silences et de moments contemplatifs. Il met en scène deux personnages au caractère que tout oppose et qui vont devoir vivre ensemble malgré leur différence dans cette promiscuité qu'offre le bateau de Martin. L'histoire est fluide et les dialogues très bien posés, nous parvenons facilement à nous mettre dans la peau de Martin et à ressentir ce qu'il ressent , à se poser les mêmes questions que lui : à savoir quelle est la motivation de cette vieille dame et qu'est-ce qui la pousse à faire un si long voyage ?

Il y a une certaine poésie dans ce récit exacerbé par le trait de dessin singulier de Quentin Boyer di bernardo. Un dessin particulier où parfois les traits de visage s'effacent jusqu'à devenir presque imperceptibles. Ses paysages subliment la nature profonde et surtout la mer.une quête mystique à la recherche d'une île aux géants qui va obliger Jeanne à se dépasser afin  de suivre ses rêves. Une interrogation sur le qui je suis ? d'où je viens ? et où je vais ? une histoire qui oscille entre poésie et réalité, faite de longs moments de silence et d'invitation à la contemplation. une œuvre qui a le  mérite d'être singulière, mais qui je pense ne parviendra probablement pas à satisfaire tout le monde. Une véritable aventure teintée de mystère et de mélancolie qui a le mérite de sortir des schémas narratifs habituels. une bonne BD que je recommande à tous les amoureux de mystère et de voyage.