Titre du Tome: L'indivision
Scénario: Zidrou
L'indivision est la situation dans laquelle deux ou plusieurs personnes sont propriétaires ensembles d'un même bien… Et surement d’un même amour. Sur les bords d’une falaise, sous les paroles de Tandem, écrit par Serge Gainsbourg (Je vous laisse relire les paroles pour mieux vous imprégner). Les amants Martin et Virginie semblent vivre un amour illégitime. Cette scène n’est pas le fruit du hasard et on sent qu’elle a longuement été réfléchie par Zidrou qui aime multiplier les images, les sous entendus, pour mieux nous imprégner ou nous subjuguer.
Nous retrouvons notre « couple » à l’anniversaire de Sébastien, le fils de Virginie car Martin n’est autre que le parrain de ce dernier. L’adultère se précise pour nous lecteur et notre imagination commence à nous titiller, nous faisant anticiper de futures scènes érotiques autour des deux amants.
Mais quelques vignettes plus loin, c’est le choc. Notre histoire de jambes en l’air se transforme en inceste. Virginie et Martin ne sont pas de simples amants, ils sont frère et sœur. Le tabou tombe.
A partir de là, vous n’allez plus visualiser les relations de nos acteurs de la même manière, mais vous aurez hâte de poursuivre la lecture pour comprendre ce phénomène et savoir comment tout ceci va se terminer, vous allez plonger avec les acteurs dans leur enfance, dans les secrets de famille.
Zidrou nous livre un magnifique jeu d’acteur où Martin n’arrive pas à lutter contre cette irrésistible envie, contre cet amour charnel pour sa sœur. Préférant fuir plutôt que de blesser. Quant à Virginie, elle se refuse à admettre la vérité mais le désir, l’amour la pousse telle une drogue à franchir le pas à chaque occasion.
Là où Zidrou est encore plus fort, c’est qu’il réussi avec brio (ce que je trouve rarement dans mes lectures) à faire passer des images sans avoir besoin de suggérer au dessinateur de les illustrer mais en influençant le lecteur à imaginer et comprendre par lui-même la situation. Je vous laisse découvrir notamment la scène de la page 19 à 21 qui illustre mon propos.
Quant à Benoit Springer et Séverine Lambour, ils ont donné plus qu’une forme aux personnages, ils leurs ont donné une vie et ceci à travers les expressions du visage, chaque geste des mains, des yeux sont minutieusement pensés pour intensifier les scènes.
L’indivision, au sens juridique, nos deux amants sont liés par cette maison familiales qu’ils ne peuvent se résoudre à vendre, par les souvenirs qu’elle représente, par les premiers gestes, les premiers actes et si cette indivision n’était pas matériel mais sentimentale, l’indivision du cœur.
Au final, à chacun sa libre interprétation pour traduire la fin de cette histoire.