Grandeur et décadence du plus grand pirate de l’Océan Indien : La Buse !
La Buse et Taylor ont réussi un coût magnifique ! Avec très peu de violence mais beaucoup de ruse et de culot, ils se sont rendus maîtres du bateau du vice-roi portugais des Indes orientales. Sur la route de
Lisbonne, le navire était rempli de richesses parmi laquelle une superbe croix en or massif. Mais la Buse est inquiet : « pour les richesses comme pour l'ivresse, les abus attirent toujours les ennuis ! ». Pourtant, l'avenir se présente plutôt radieux pour les pirates et la Buse accepte même de stocker une partie du butin dans sa cachette. Le navire portugais est désormais surmonté du pavillon noir et ses victimes ne se font pas attendre. Sur l’île Bourbon, les marins mandatés par la couronne de France ne désespèrent pas de mettre la main sur la Buse. Malheureusement pour eux, le rapace est plutôt agile…
La piraterie. Si aujourd'hui, on ne peut pas citer ce mot sans que le commun des mortels ne pense immédiatement à Jack Sparrow, les frères de la côte ont pourtant une histoire et une mythologie bien plus large et plus intéressante. C’est pour cela que Jean-Yves Delitte, peintre officiel de la Marine nationale, a décidé de s'armer de ses crayons afin de leur rendre hommage. Avec ce diptyque, il braque les projecteurs sur l'un des plus illustres flibustiers français : la Buse. Après un album d'ouverture qui, même s'il débutait par l'exécution du pirate, faisait la part belle à ses glorieuses années ; on l’aura donc compris, ne serait-ce que grâce à la couverture, ce second album va davantage évoquer la chute du marin.
Malheureusement, les pirates n'ont pas laissé d'archives officielles et l'artiste se refuse à romancer son existence. Il est donc contraint de meubler et cela se ressent. Après un retour triomphal à Libertalia et le partage du spectaculaire butin, dont la flamboyante croix de Goya, débute une ultime campagne. La Buse s’associe à Taylor mais le cœur n’y est pas. Les prises ne sont pas à la hauteur (peuvent-elles seulement l’être !) et les rancœurs et jalousies sont un poison qui s'immisce partout ! Si l'atmosphère est parfaitement rendue, les péripéties sont-elles plus limitées. Après un ou deux abordages, on comprend que la mutinerie guette et qu'il faut tout le talent du capitaine pour s'en sortir (si l'on peut dire) car il risque fort d'y perdre des plumes. Mais l'artiste nous avait aussi plongé dans la chasse aux flibustiers. Face à la pression conjointe des rois de France et du Portugal, les chasseurs en manque de gibier se retrouvent en disgrâce. Ce sont les affres de la cour ! Mais la rancune qui va en découler va se révéler tenace et sera à l'origine d'un rocambolesque épilogue. Parlons-en de cette fin ! Si le diptyque s'ouvrait sur la pendaison de la Buse et le chantage auquel il se livrait pour espérer s'en sortir, nulle trace ici. Nulle trace non plus du fabuleux trésor qu’il avait accumulé et cela laisse ouvert le champ des possibles ! Côté dessin, on comprend la distinction faite à l'artiste. Les bateaux sont magnifiques. Les cordages, le vent
dans les voiles, la richesse des figures de proue, tout nous replonge dans le grand siècle, à l'âge d'or des compagnies de commerce. Si les scènes de dialogue sont un peu statiques, on se rattrape avec les spectaculaires abordages et scènes de duel. Le tout est mis en couleur dans des teintes les plus réalistes possibles et qui donnent l'impression d'avoir été délavées par le soleil, le sel et le vent.
Au final, on passe un moment agréable entre dépaysement, anecdotes de pirate et épilogue inattendu !