Titre du Tome: La chambre des officiers

Ensemble, ils passent leurs derniers instants de bonheur avant que la guerre ne les dévore. Sur ce qui n'est pas encore le front, Adrien est la première victime de cette guerre : le premier obus allemand fauche ses aides de camp et blesse Adrien au visage. Défiguré, le jeune officier est transféré au Val de Grâce. Avec d'autres "gueules cassées", il va passer 5 ans reclus à l'hôpital. 5 ans à réapprendre à vivre au rythme des opérations. 5 ans d'amitié, de rire et d'angoisse. 5 ans de « reconstruction » à se préparer un avenir. 5 ans à penser à Clémence qui l’a connu avec sa gueule d'ange.
cette œuvre, une sensibilité et une intensité propre à ce support. Pas grand-chose à dire sur le scénario qui reprend l'œuvre de Marc Dugain. C'est comme cela que nous sommes plongés dans la face obscure de la Der des Der. On suit les débuts sous l'uniforme du lieutenant Adrien Fournier, jeune ingénieur des Ponts et Chaussées envoyé sur la Meuse afin de déterminer les meilleurs endroits pour installer des ponts mobiles. Il sera le premier blessé de cette guerre pas encore mondiale. Le point fort de ce début d'histoire, c'est le choix d'une focalisation interne. Adrien est blessé et il le sait. Il entend le jargon médical et il a bien conscience de la gravité de son état. Mais à aucun moment il ne sait véritablement à quoi il ressemble ; si ce n'est à travers le regard des médecins et de ses visiteurs. L'hôpital du Val De Grace ayant exfiltré tous les miroirs, il faut attendre la fin du premier quart de l'histoire pour retrouver une narration plus habituelle. Tout doucement, les souvenirs en flashback du beau lieutenant, notamment avec la jeune et jolie Clémence, laissent place à des scènes d'une vie plus quotidienne. Une vie où toutes les "gueules cassées" réapprennent à vivre, où l'amitié, l'humour et l'entraide sont les meilleurs moyens d'oublier les douleurs physiques et mentales qui les torturent. Une vie pour se reconstruire et se préparer autant à l'avenir qu'aux regards des autres. Bien qu'on ait tous entendu parler des mutilés de guerre, ne serait-ce qu'à l'école, on est totalement surpris par la réaction de leurs contemporains. Cette gêne, pour ne pas dire cette honte, qu’éprouvent les passants au passage d'Adrien et
de ses semblables est magistralement mise en avant par le dessin d'Alain Grand. Grâce à un trait semi-réaliste, le dessinateur des Enfants de la liberté ne cache rien des mutilations. Pire, il marque la laideur des plaies et des blessures par l'opposition à la beauté des visages des soignants. Loin de tomber dans la pitié, on se sent proche de ces défiguré en tant qu'êtres humains comme les autres. On partage leur incompréhension face au dégoût qu’inspire ces héros de guerre et on est heureux pour eux lorsqu'enfin ils reprennent goût à la vie.Nom d'utilisateur : LABANDEDU9
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