Nom de la série : La chandelle du bon roy Henri
Scénario : Philippe CHARLOT
Dessin : Eric HÜBSCH
Couleur : Sébastien BOUET
Maison d'édtion : Grand Angle
Henri IV a gagné Paris grâce à un messe. Il souhaite maintenant gagner le cœur des Parisiens et des Parisiennes. Seulement, comment faire quand on a un problème urinaire… Après Le Royal fondement, Philippe Charlot et Éric Hübsch reviennent avec la chandelle d’Henri IV. Une révision de l’Histoire à l’humour décapant ! Une pure merveille !
« Paris vaut bien une messe ». Maintenant qu’il y a assisté, Henri IV est le nouveau roi de France. Néanmoins, son inconséquence religieuse a quelque peu refroidi les ardeurs des Parisiens et des Parisiennes. Le roi veut être aimé et pour cela, il cherche des moyens. Un tournoi de jeu de paume et du Jurançon semblent être tout indiqués sauf si le gascon doit s’interrompre pour d’innombrables pauses pipis. À l’autre bout de la ville, la jeune et jolie Mathilde débarque de sa Normandie natale. Suivant les préceptes de sa tante, guérisseuse et diseuse de bonnes aventures, elle parcourt la capitale à la recherche de l’homme, saltimbanque ou monarque, qui fera chavirer son cœur. C’est alors que, près du pont neuf, elle tombe sur Thibault. Le jeune homme, bien sous tous rapports, a un numéro de suggestion avec son acolyte Aymeric. Idéaliste et amoureux de l’amour, pour ne pas dire cœur d’artichaut, il tombe immédiatement sous le charme de la jolie normande. C’est alors que le médecin et le confesseur du roi viennent le voir. Chacun a une missive bien particulière dont pourrait dépendre la vie, agitée, du souverain…
Les grands maux et les petits bobos sont des sources inépuisables d’anecdotes et d’histoires drôles. Et ceux des grands hommes ne font pas exception; n’en déplaise à certains politiciens-apprentis-historiens. C’est ainsi que Philippe Charlot et Éric Hübsch nous avaient royalement distrait, il y a 2 ans de cela, avec le Royal fondement de Louis XIV. Le duo remet le couvert, si j’ose dire, avec un autre illustre monarque, probablement le plus aimé de tous : Henri IV. Si on connaît sa citation sur la messe et Paris, on ignore que le roi souffrait d’un petit problème urinaire. Quel rapport avec la chandelle du titre ? Je vous laisse le découvrir grâce à la 4e de couverture sur laquelle les jeux de mots fleurissent comme les perce-neiges en février. À l’intérieur, les bons mots sont bel et bien présents. A l’image d’une comédie de Molière, Philippe Charlot utilise tous les procédés comiques. Quiproquo, bastonnades et autres monologues sont ici complétés par les talents d’un apprenti Messmer. Dans toute comédie qui se respecte, il doit y avoir une romance et celle qui lie Mathilde et Thibault connaît une royale gêne. C’est donc plusieurs intrigues simultanées que Philippe Charlot nous propose. Des intrigues menées par des personnages qui, à l’image d’Henri IV, ne manquent pas de charisme. Des intrigues qui s’emboitent, des fils qui se lient et se délient à un rythme soutenu et qui nous font bien marrer. D’autant que le dessin d’Éric Hübsch est toujours aussi efficace. Le dessinateur du chant d’Excalibur insère des personnages caricaturaux dans des décors très réalistes. Cela lui permet de jouer sur l’exagération des sentiments, des émotions et donc de surjouer le comique de caractère. Mais la bande dessinée, c’est aussi des choix d’angle de vue et de construction. Et là aussi, Éric Hübsch tire son épingle du jeu. Les choix sont toujours judicieux afin d’apporter du dynamisme et de l’humour. Terminons par la colorisation de Sébastien Bouet qui n’hésite pas à aller dans des teintes vives, assez décalés mais qui renforcent le caractère humoristique des propos et des dessins.
Si Paris valait bien une messe, cet album à l’humour corrosif mérite largement qu’on s’offre une chandelle afin de les dévorer au coin du feu.
