Nom de la série : La crevette
Scénario : ZIDROU
Dessin : Salomone
Couleur : Salomone
Maison d'édtion : Le Lombard
Dans la boutique de lingerie de la « Divine de Paris », le luxe, la normalité et l’exigence sont de rigueur mais au sein de la même boutique, en coulisse, les choses sont totalement différentes. Un one shot divertissant où la morale fait chaud au cœur.
La neige s’est abattue sur Paris, rendant les routes quasiment impraticables et baissant le thermomètre sur des températures plus qu’hivernales. Et pourtant il y a bien un lieu où il ne fait pas froid, c’est dans la vitrine du magasin « Divine de Paris » où les mannequins présentent de la lingerie issue de la dernière mode. Une manière de réchauffer les passants. Aline et Brigitte ne sont pas mannequins à la Divine de Paris tenue par Mme Ledoyen. Elles sont respectivement secrétaire et vendeuse et surtout en retard en ce jour enneigé. Après quelques ajustements vestimentaires, remise en place de son soutien-gorge pour l’une à l’abondante poitrine et réajustement de bout de tissu en simulation de poitrine pour l’autre, les deux jeunes femmes entrent dans la boutique et partent sur leurs occupations en attendant l’arrivée de l’irascible directeur, Monsieur Séraphin Laffite.
Depuis que l’homme a inventé la moquerie et la différence, toute personne qui n’est pas dans la normalité ou dans la moyenne peut vite se retrouver montrée du doigt, mise à l’écart ou plus gravement être considérée comme un monstre. Or le fait d’avoir un nez trop long, des grandes oreilles, un strabisme ou bien encore des taches de naissance donne bien au contraire un plus à la personne qui peut se transformer en charme. C’est le cas d’Aline, la jeune secrétaire qui fait un complexe par rapport à sa poitrine et surtout par rapport au regard des autres.
Il faut dire que dans les années 50, là où se situe l’histoire, les critères de beauté étaient bien normés et les mannequins des vitrines sont là pour les rappeler notamment par l’utilisation d’une voix off. Ainsi pour argumenter autour de cette thématique, le scénariste Zidrou va construire son histoire comme une pièce de théâtre avec un jeu d’acteur bien défini entre Brigitte et son côté fofolle, Eve la femme de ménage qui n’arrête pas d’être sur le dos de son fils, Augustin l’amoureux et surtout Monsieur Séraphin, qui ne supporte pas le retard et les enfants et qui possède également une petite particularité qu’Aline va découvrir par inadvertance. Les scènes vont s’enchaîner en permettant aux acteurs de passer du rire aux larmes, de la gentillesse à la méchanceté, mais aussi de tomber amoureux et tout ceci grâce au talent de mise en scène de Zidrou.
Le dessin est assuré par le talentueux Paul Salomone dont le style colle parfaitement à l’histoire, les deux étaient faits pour se rencontrer. Son style rétro en couleur directe est tout simplement du grand art. On découvre à travers le dessin tout le plaisir de l’auteur à reproduire les décors et les costumes de cette époque.
Un très bon one-shot, divertissant, drôle, touchant et qui conclut de belle manière sur le fait que l’amour et le bonheur peuvent être possibles malgré des différences et qu’il suffit simplement de s’associer à la bonne personne qui saura vous aimer tel que vous êtes.